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Dé-fusionner l’ALCA pour retrouver la région Alsace

GROSSMANN Robert, homme de cultureNotre compagnon Robert Grossmann, ancien président de la CUS et Maire délégué de Strasbourg, nous a adressé une tribune que nous vous relayons.

 

Les élections passées les questions demeurent

L’élection de Philippe Richert à la tête de la nouvelle région a été triomphale à la suite de l’euphorique second tour du scrutin régional.

Ce dimanche soir 13 décembre il y eut comme une marée puissante qui semblait emporter toute discussion, tout repère, toute mémoire ; plus question de débattre du périmètre de l’ALCA, ni de compétences, ni d’économies d’échelle, ni d’autres sujets qui fâchent…

Pourtant, inéluctablement, le temps de la victoire digéré, la marée va refluer  pour céder la place à des « faits têtus » et aux questions qu’ils imposent.

 

Au premier chef reste posée la question de la cohérence de l’ALCA alors que le refus généralisé de ce découpage absurde est toujours présent dans tous les esprits en Champagne Ardennes tout comme en Lorraine ou en Alsace.

La Bretagne ou la Corse ont été si souvent citées en exemple aux alsaciens qu’ils ne comprennent pas pourquoi, contrairement à elles, l’Alsace n’a pu garder sa personnalité et sa gestion propre.

L’enjeu du second tour était de battre le FN et non plus d’adhérer à l’absurde ALCA. Les alsaciens ont donc massivement voté contre le FN.

(notons tout de même près de 50% d’abstention) Pour autant ils n’ont pas plébiscité la dilution de leur région, considérée comme désastreuse. Force est de reconnaître qu’ils portent eux même de lourdes responsabilités lorsqu’ils ont démontré leur incapacité à s’unir lors du référendum perdu de Philippe Richert en avril 2013.

Une victoire de l’Alsace unie aurait dissuadé quiconque de porter atteinte à son intégrité territoriale

Le refus de « l’événement le plus grave, pour l’Alsace, depuis la fin de la guerre »

Depuis le triste épisode du référendum perdu, la résistance s’était pourtant manifestée de manière déterminée face à cette ACAL hétéroclite.

Dès l’été 2014 et tout au long de l’année 2015 une très grande majorité d’élus s’y est opposée. Les parlementaires de l’UMP unanimes l’ont exprimé sans équivoque en allant jusqu’à saisir le Conseil Constitutionnel en décembre 2014. Certains parlaient même de rejouer le référendum…

Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue et les sondages ont exprimé de manière spectaculaire le refus de cette fusion : 85% des alsaciens (65% dans les trois régions concernées)

En juin 2014 Philippe Richert  a tenté une opération sauvetage de meubles de dernière minute en proposant un élargissement limité à la Lorraine. Ce fut son « sommet de Wingen sur Moder » avec le président Masseret. L’Alsace-Lorraine n’était pas inacceptable et le maire de Strasbourg PS y était favorable mais à le PS de Paris rien ne prit rien en considération.

Le 17 décembre 2014 Philippe Richert, désespéré, a lâché dans le Figaro : «La fusion avec la Lorraine et Champagne-Ardenne, c’est l’événement le plus grave, pour l’Alsace, depuis la fin de la guerre (…) dorénavant, l’Alsace n’aura plus d’institution politique pour la représenter».

Enfin, ultime initiative, Daniel Hoeffel et le Professeur Herzog ont déposé un recours au Conseil d’État en septembre 2015. Il fut hélas rejeté.

Une fois le micmac réalisé l’économiste Jean-Alain Héraud a livré son analyse dans un excellent supplément des DNA (collector) de décembre 2015. Il démontre clairement que dans cette ACAL il y a « trois mondes séparés » et que « les régions composites comme l’ACAL n’auront pas l’identité et le pouvoir politique pour s’opposer à Paris et donc l’Ètat central gagne un peu de temps » Bref une mauvaise affaire sur le plan économique autant que politique.

Résistance et capitulation.

La résistance aurait du se développer et se renforcer à la fin de l’été 2015, or elle s’est éteinte. Pourquoi  ceux des partis majoritaires en Alsace qui résistaient au printemps ont-ils capitulé à l’automne ? On peut se demander s’ils n’ont pas été victimes d’une de leursqualités emblématiques, de celles que Paris aime chez les alsaciens depuis toujours : le sens de la discipline qui les met au garde à vous à la moindre injonction du pouvoir central.

Imaginons que, forts du soutien populaire, les grands élus aient opposé un refus à Paris. Imaginons qu’ils aient refusé les élections imposées de Paris en organisant un scrutin spécifique au Conseil Régional d’Alsace… Que se serait-il passé ? Valls aurait fait donner la troupe ?

On objectera que cela est pure utopie ? Admettons…

Au secours l’Allemagne ! La France nous laisse mourir 

Malheureusement le parti autonomiste Unser Land, groupusculaire jusque là, fut soudainement dynamisé et bénéficia d’une crédibilité nouvelle en incarnant, seul, la résistance. Ses scores furent plus qu’honorables alors qu’il ne faut pas oublier que des autonomistes restent des autonomistes avec tous leurs excès. En effet, comment ne pas être consterné par la démarche de sa présidente, Andrée Munchenbach qui adressa en aout 2014 une lettre ouverte au président de la République fédérale allemande, Joachim Gauck, où l’on peut lire en se pinçant le bras

« Comme par le passé, l’Alsace est traitée comme une colonie. […] Nos enfants n’ont pas le droit de connaître l’histoire de leur peuple. Au lieu de cela, on leur casse les oreilles avec la Seconde Guerre mondiale […] Monsieur Gauck, s’il vous plaît, ne nous laissez pas mourir ! En tant que représentant du “grand frère” d’outre-Rhin, vous n’avez pas le droit de laisser disparaître l’Alsace. Nous attendons de vous que vous interveniez pour protéger l’Alsace »

Aucune solution raisonnable ne peut passer par cet autonomisme là.

Une région plus grande que certains États

Comme s’il leur fallait définitivement rompre avec les résistances d’avant l’élection les nouveaux élus régionaux proclament maintenant qu’ils sont à la tête d’une région deux fois plus grande que la Belgique, qu’ils président en quelque sorte aux destinées d’un État. Vertige…De quoi faire tourner les têtes et se crisper à leur nouveau pouvoir.

Le futur Président de la République doit dé-fusionner l’absurde ALCA.

Si un boycott de l’élection était pure utopie, il reste constant que la très grande majorité de notre population attendait sans aucun doute qu’une fois élus dans des conditions si particulières les conseillers régionaux alsaciens annoncent leur intention de demander la défusion dès l’arrivée d’un nouveau président de la République en 2017.

L’ALCA, même rebaptisée « Rhin-Champagne ou Grand Est », demeure absurde et incohérente. Ça ne marchera pas – ou très mal – et les effets de l’aberrance se manifesteront tôt ou tard.

Voir l’Alsace diluée dans une région aussi grande qu’un état ne peut effacer l’insulte au bon sens ni éteindre les légitimes frustrations. Les autonomistes seuls bénéficieraient de l’accommodation à l’ALCA dans l’abdication.

Dès lors serait-il illusoire de penser que l’on pourrait revenir à la raison ? Pour y atteindre le président Richert et nos parlementaires ont toutes les cartes en main. Dores et déjà le député Laurent Furst a interpellé le premier ministre à ce sujet.

De plus, l’absurdité du découpage socialiste ne concerne pas que l’ALCA. La plupart des nouvelles régions sont insatisfaites.

Fort de sa prestigieuse présidence de l’Association des Régions de France Philippe Richert a désormais des pouvoirs puissants pour intercéder auprès du futur président de la République.

Prenons date…

2 réflexions sur “Dé-fusionner l’ALCA pour retrouver la région Alsace

  • Défusionner l’ALCA, oui il le faut absolument.
    Mais réécrire une nouvelle constitution est indispensable afin de permettre une réelle autonomie aux régions françaises.
    Les régions sont dans une prison parisienne. Elles ont droit à quelques promenades dans la cour, mais c’est tout.
    Indépendantiste : NON, autonomiste OUI.

  • Lewon Patrick

    Il est pas trop d’accord le gros con de Richert.
    Mais qu’est-ce que vous attendez pour lui rentrer dans sa gueule de gros con?

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