Quel avenir pour la Défense européenne ?
Compte-rendu de la conférence-débat organisée le mercredi 8 juin à Plobsheim sur le thème de la Défense européenne
par Arnaud DANJEAN, Député européen
Président de la Sous-Commission Sécurité et Défense au Parlement européen
Arnaud Danjean est député européen pour tout le grand Est de la France, il est donc également notre député européen à nous, bas-rhinois.
Arnaud Danjean est également secrétaire national de l’UMP en charge des questions de Défense européenne.
Dans son introduction, Arnaud Danjean pose d’emblée un constat réaliste, mais également paradoxal : dans les échéances électorales prévues en 2012, et notamment pour les présidentielles, les questions de Défense ne seront pas au cœur des débats. Or, pour une élection présidentielle, ce sujet devrait être central puisqu’en France, le Président de la République est le chef des Armées, il a la responsabilité ultime d’engager l’arme nucléaire, et nous observons que la situation géopolitique mondiale est très instable.
Si on se place dans une perspective de bilan, celui de Nicolas Sarkozy dans le domaine de la Défense est excellent.
Il faut rappeler le contexte dans lequel il a eu à exercer ses fonctions :
– une crise financière majeure,
– les révolutions dans le monde arabe,
– la guerre de Géorgie,
– la puissance montante de la Chine,
– l’engagement de la France en Afghanistan,
– la guerre en Libye …
Dans ce contexte très menaçant pour notre pays, le Président Nicolas Sarkozy a assumé ses fonctions avec grande compétence. Il a été à la hauteur de la fonction présidentielle, ce qui n’aurait pas forcément été le cas d’autres candidats.
Pourquoi la Défense européenne est-elle importante pour nous ?
Parce que nous vivons dans un monde de plus en plus incertain et de plus en menaçant : terrorisme, prolifération nucléaire, actes de piraterie, problèmes d’émigration, trafics, crime organisé …
La vraie question est de savoir si l’Europe est capable d’assurer seule sa Défense. La réponse est NON !
En effet, les 27 pays membres de l’Union européenne représentent un ensemble hétérogène qui n’a ni les capacités, ni la volonté d’investir dans une Défense européenne. Différents groupes de pays se distinguent :
– ceux qui sont d’avis que l’action de l’OTAN et des Etats-Unis est suffisante. C’est notamment le cas de la majorité des pays d’Europe centrale et orientale.
– des pays comme la Pologne, qui sont ambitieux mais qui sont conscients de leurs limites financières et technologiques.
– des pays qui ont les moyens et les capacités, mais qui n’ont pas la volonté (ex : l’Allemagne qui n’a d’ailleurs pas suivi en Libye).
– des Etats qui disposent de tout : la France et la Grande-Bretagne. Le problème, c’est que pour les anglais, la Défense ne doit pas être européenne.
Malgré ce constat, il est impératif d’avancer et la Défense européenne doit rester une vraie ambition que ce soit pour :
– les valeurs véhiculées par l’Union européenne. Paix et stabilité, qui furent à l’origine du projet européen.
– des raisons géostratégiques : les Etats-Unis connaissent des tensions budgétaires et sont davantage tournés vers l’Asie et le Pacifique. Pour la première fois, ils sont favorables à une Europe de la Défense forte (tant qu’elle n’est pas trop indépendante).
– des motifs budgétaires : Il devient impératif de mutualiser les moyens (innovation, recherche…).
Mais il y a des limites à la constitution de l’Europe de la Défense :
– problèmes économiques : si on mutualise les moyens, cela signifie forcément fermer des sites industriels sur certains territoires,
– problème philosophique : l’Union européenne se complaît dans une image de « soft power », ce qui renvoie à une image d’Europe humaniste, de reconstruction, d’habitude de confort. En clair, l’Europe préfère se donner une image d’organisation qui investit dans l’Education et le Développement, plutôt que dans les armes. Or il s’agit là d’une vision bien naïve, mais elle se développe et gagne du terrain !
Heureusement, certains pays y croient et c’est le cas de la France. Notre pays est remarquable dans le sens où la France est capable de déployer des moyens aériens, terrestres, maritimes simultanément.
Enfin pour conclure, Arnaud Danjean s’est prêté au jeu des questions-réponses.
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Anne SANDER, Secrétaire Départementale Adjointe en charge de la réflexion et des débats