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Compte-rendu de la conférence  » Du mariage pour tous à la PMA : l’enfant un bien de consommation comme un autre ?

Compte-rendu de la conférence intitulée

 » Du mariage pour tous à la PMA : l’enfant un bien de consommation comme un autre ? « 

par les

Docteur Alexandre BARATTA, Psychiatre, Praticien hospitalier à l’UMD de Sarreguemines

Dr BARATTA Alexandre

Docteur Olivier HALLEGUEN, Psychiatre, Chef de Pôle au CHS d’Erstein

 HALLEGUEN Olivier nb

le 19.02.2013 à Strasbourg

Les deux médecins ouvrent la conférence en précisant qu’ils ne sont membres d’aucune d’association, d’aucun mouvement partisan. Le regard qu’ils portent sur la thématique est celui de professionnels de la santé.

 

 

Le Docteur Halleguen souhaite aborder trois grandes thématiques :

 

L’enfant :

 

C’est finalement la situation de l’enfant qui est la plus préoccupante. Les adultes sont majeurs et leurs choix sont ceux de personnes responsables qui s’assument. Mais il revient à la Société de prendre garde à ses membres, et en particulier aux enfants.

 

Un enfant met des années à se construire et à acquérir sa plénitude. Pendant toutes ces années, c’est le processus d’individuation qui opère.

L’enfant se construit par rapport aux autres, en les prenant comme exemple, mais aussi en s’opposant à eux.

 

La notion de filiation est très importante pour les enfants, pas forcément lorsqu’ils sont petits, mais lorsqu’ils grandissent et deviennent adultes. En cas d’homoparentalité, l’individuation ne se fera pas de la même manière. De nombreuses questions se posent, pour lesquelles nous n’avons pas encore de réponses, autour de l’histoire familiale, du regard des autres et de l’impression de sécurité et de stabilité, deux sentiments très importants pour les enfants.

 

 

La Procréation Médicalement Assistée (PMA) :

 

La PMA consiste en un ensemble de techniques médicales qui permettent la suppléance d’un mécanisme naturel qui est déficient. Elle traite les maladies de la fertilité. Or quand on parle d’homosexualité, on n’est plus dans la médecine. On prend une technique conçue pour autre chose, pour assouvir un désir, même si ce désir est légitime. Ça pose la question du rôle du médecin. Se pose aussi la question du statut de l’autre sexe : est-il juste là pour donner des gamètes ? Qu’en est-il de la notion d’anonymat ? Qui va financer le recours à ces techniques couteuses ? Quelle place pour la Gestion Pour Autrui (GPA), aujourd’hui interdite en France.

 

Toutes ces questions, nous devons nous les poser !

 

 

Les résultats d’une revue de littérature

 

Deux chercheurs, spécialistes de la psychologie de l’enfant, ont réalisé une revue de la littérature en reprenant toutes les études sur l’homoparentalité, qui avaient été publiées entre 1972 et 2003. 330 documents ont été recensés sur le sujet, ce qui est finalement très peu.

 

Les études reprises par ces chercheurs comportent de multiples limites : elles concernent principalement des couples de femmes, les sujets sont recrutés par la presse spécialisée, peu d’études sur la PMA …

 

Néanmoins, ils se interrogés sur le devenir d’enfants qui ont grandi dans des familles homoparentales, et ce, en fonction de différentes variables :

 

 

  • l’orientation sexuelle des enfants : il n’y a pas de différence significative avec les autres enfants.

 

  • les problèmes psychologiques : le concept est vague, mais porte surtout sur la violence. Aucune différence significative n’a pu être mise à jour, mais les études portent uniquement sur les petits enfants. Il faudrait approfondir les études auprès de sujets plus âgés.

 

  • les compétences et les relations sociales : pas de différence significative.

 

  • la dynamique familiale : elle semble meilleure chez les enfants élevés dans des familles homoparentales, surtout lorsqu’il s’agit de couples de femmes.

 

  • l’estime de soi : Elle est moins bonne chez les adolescents qui grandissent dans des familles homoparentales.

 

  • l’intelligence : pas de différence significative

 

  • les sévices : il semblerait qu’il y ait plus de sévices. Cela étant, seule une étude porte sur le sujet, elle n’est donc pas significative. C’est un point qui mériterait d’être approfondi.

 

  • la perception de la situation : elle est légèrement moins bonne. Cela concerne surtout le ressenti face au regard de l’autre.

 

  • la conception : une étude indique que 63 % des enfants n’en parlent jamais.

 

En conclusion, cette revue de la littérature montre que rien n’est vraiment pisté. On observe néanmoins une diminution de l’estime de soi. Il ressort aussi qu’il y a peu de recherches sur la filiation. Il faudrait creuser le sujet et prolonger les évaluations.

 

Pour clore la conférence, le Docteur Halleguen s’interroge pour savoir s’il ne serait pas pertinent de mettre en place un principe de précaution car les enfants dans les couples homoparentaux vont grandir et se poser des questions beaucoup plus existentielles lorsqu’ils seront adolescents, puis adultes. C’est alors que des troubles pourraient apparaître.

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