Discours de François FILLON aux Journées Parlementaires de l’UMP – St Cyr sur Loire 14-10-11
Journées parlementaires de l’UMP
Saint-Cyr-sur-Loire
Discours de François FILLON
Mes chers amis,
Je voudrais d’abord rendre hommage, en votre nom à tous, à une jeune femme de 30 ans, mariée, mère
de deux enfants, gardienne de la paix, qui a été lâchement attaquée dans l’exercice de ses fonctions à la
préfecture de Bourges, ainsi qu’à un de ses collègues qui a été blessé.
A travers elle, à travers eux, je veux rendre hommage à nos policiers, à nos gendarmes qui font des
métiers si difficiles qui méritent tout notre respect et toute notre reconnaissance.
En débutant mon discours, je voudrais me tourner vers Philippe BRIAND qui nous reçoit chez lui avec
le cœur qui le caractérise.
Je veux dire que Philippe suscite toute notre admiration.
Je suis venu souvent à Saint-Cyr-sur-Loire pour clore ses campagnes législatives.
Philippe prétend que je lui porte chance, et je lui dis que, le moment venu, je serai à ses côtés et à vos
côtés pour mener la bataille.
Ma pensée est aussi tournée vers Gérard LARCHER, et vers vos collègues sénateurs.
La perte du Sénat est un coup dur, mais cet avertissement est une occasion de nous mobiliser pour aller
vers cette victoire que nous devons chercher de toutes nos forces et par toute notre unité.
Et cette mobilisation, elle doit s’enclencher dans les travées mêmes de la Haute Assemblée où nos
sénateurs doivent défendre nos valeurs avec détermination.
La presse l’a peu noté, toute occupée qu’elle était à commenter les primaires socialistes, mais la
désignation de Philippe MARINI à la Commission des Finances est bien la confirmation que nous,
notre majorité, avons réussi à imposer la modernisation de nos institutions.
Je dis bien «imposer», car si nous n’avions pas créé un précédent à l’Assemblée Nationale, jamais la
gauche n’aurait fait un tel geste que je crois fécond pour la démocratie française.
Quoi qu’il en soit, le basculement du Sénat impose une cohésion parlementaire sans faille.
Autour de Christian JACOB, de Jean-Claude GAUDIN, de Bernard ACCOYER, de moi-même, je vous
demande unité et sens de l’intérêt collectif.
Il faut démontrer aux Français que l’UMP set plus que jamais la force de stabilité et de changement que
les circonstances réclame.
Mes chers amis,
Avec la chute du mur de Berlin beaucoup prophétisaient la fin de l’Histoire. Hors c’est le contraire qui
s’est passé, l’Histoire s’est au contraire accélérée, libérant toutes ses virulences géopolitiques,
spirituelles et économiques.
Avec la victoire du capitalisme, certains annonçaient l’émergence d’un universalisme commercial et
financier; la crise a brisé le sacre d’un système qui pensait le monde comme un vaste casino au sein
duquel les responsables publics seraient tenus de jouer le rôle de croupiers.
Après des siècles de domination occidentale, certains pariaient sur la lente remontée des continents
émergents.
En 2009, la Chine a détrôné l’Allemagne comme premier exportateur mondial et est devenu le
deuxième pays d’accueil des investissements étrangers. 2
En 10 ans seulement, la Chine, l’Inde, le Brésil se sont imposés de façon fulgurante sur la scène
internationale, et, dorénavant, tout le défi est de maîtriser les élans de la mondialisation.
Au parti socialiste, les «impétrants» dissertent sur la «démondialisation», comme autrefois les états-
majors se disputaient sur le tracé de la ligne Maginot.
Nous, nous assumons les temps nouveaux.
Nicolas Sarkozy s’est révélé un homme capable d’affronter les tempêtes les plus imprévues et les plus
dures.
A la présidence du G20, notre pays agit en leader d’un monde désordonné en mal de repères.
Au moment opportun, là où la main peut trembler, la France a su offrir aux peuples ivoiriens et libyens
le pouvoir de conquérir leur liberté, et je veux saluer, avec Gérard LONGUET, la maîtrise de nos
armées et el courage de nos soldats.
Au Proche-Orient, mon cher Alain, notre diplomatie présente courageusement aux Israéliens et aux
Palestiniens les voies d’une solution responsable et audacieuse.
Et au sein de l’Union européenne, la France défend l’Europe comme elle défendrait son propre héritage
national.
Nous imaginions que ce nouveau siècle,après un XXème siècle aussi sanglant, allait nous fournir
l’espace d’une respiration ; que ce quinquennat se déroulerait sous les auspices d’une prospérité
internationale qui semblait solide.
Rien de cela n’est arrivé.
2007-2012, ce quinquennat de combat fut mené pour protéger la France et pour protéger les Français de
la pire bourrasque économique et financière que nous ayons connue depuis les années 1930.
Il est vrai qu’au printemps 2007, nous ne savions pas combien nos choix politiques nous aideraient à la
gérer cette crise.
Bien avant la crise bancaire et la crise des dettes souveraines, notre majorité a entrepris de libérer notre
société de l’illusion d’une prospérité tranquille.
Nous avons réformé, et nous avons réformé encore, et cela dans les pires conditions qui soient.
On parlera peut-être un jour « d’années courage » comme on parlait des « trente glorieuses ».
Aujourd’hui, je sais mieux que quiconque que le résultat des élections locales est un résultats qui est dur
à vivre et pour nos amis, difficiles à comprendre.
Mais, je vous en prie, pas de déception, pas de désertion !
Si le peuple français exprime son inquiétude, il nous dit aussi son besoin de progrès, son désir
d’avancer, sa volonté de justice. Il nous interpelle, et nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes,
de ce que nous voulons, de ce que nous avons fait.
Dans la crise, tenir le cap de la modernisation n’allait pas de soi.
Bien des gouvernements auraient mis le pied sur le frein. Nous n’avons pas cédé à cette facilité
coupable.
Et je voudrais aujourd’hui, pour cette dernière réunion des parlementaires dans cette configuration,
avant les élections rendre l’honneur qui leur est du aux parlementaires de l’UMP qui, malgré les
protestations, malgré les risques d’impopularité, malgré les coups de l’opposition, ont tenu la ligne du
changement.
Nous n’avons pas tout réussi ; plusieurs de nos objectifs ont été bousculés par la récession et la crise ;
dans notre course pour transformer notre pays il nous est arrivé d’agir avec précipitation…
Il n’est pas besoin d’idéaliser notre bilan pour le rendre respectable.
Il y a une chose essentielle que nous avons réussi : nous avons retendu l’énergie française et nous avons
remis à l’endroit les pensées qui faisaient marcher notre pays à l’envers. 3
Pas de solidarité sans productivité.
Pas de liberté sans sécurité.
Pas de rayonnement universitaire sans autonomie.
Pas de service public sans continuité du service public.
Pas d’intégration sans immigration contrôlée.
Pas de République sans laïcité.
Pour nous, l’avenir de notre nation repose sur son aptitude à regarder la vérité en face.
Et cette vérité à aujourd’hui un nom : c’est la dette !
La crise des dettes souveraines est plus qu’un problème financier. La crise des dettes souveraines révèle
un problème de civilisation, et plus précisément le problème d’une civilisation européenne qui a préféré
vivre au dessus de ses moyens en s’endettant plutôt que de se remettre en cause.
Tout parti politique et tout programme ignorant cette donnée cruelle mais cruciale devront être
considérés comme disqualifiés pour défendre l’intérêt général.
Cet été, la première puissance du monde a vu sa crédibilité financière mise en doute.
Quant à l’Europe, nous savons qu’elle vit sur un volcan.
Nous sommes plongés au cœur des tensions de la mondialisation, et l’honneur des Chefs d’Etat est de
dégager des solutions communes, en résistant tout à la fois au vertige du nationalisme et de la sélection
darwinienne.
Ce qui est en jeu avec cette crise des dettes souveraines, c’est le sort de notre indépendance nationale,
et c’est le sort de l’Union européenne.
Notre premier devoir, c’est d’affronter la réalité, sans démagogie et sans chercher d’excuses.
Quand on a plus de 1.600 milliards de dette, il est tout à fait inutile de s’en prendre aux agences de
notation, aux banquiers, aux traders, ou qui sais-je encore…
Il faut avoir le courage de se reprendre en mains.
Notre second devoir, c’est d’agir collectivement, avec l’Europe et pour l’Europe.
En temps de crise, le mauvais réflexe, c’est de se replier sur soi. Contre l’Europe, contre l’euro, contre
l’aide à la Grèce, cette musique suicidaire se fait entendre.
Je m’y oppose de toutes mes forces !
Avec le Président de la République, avec notre majorité, nous ne renoncerons pas aux acquis de
l’Europe; nous ne lâcherons pas 60 années de construction politique.
N’écoutez pas tous ces défaitistes qui prétendent qu’en isolant la Grèce, en la laissant dériver, on
sauvera le reste. La vérité c’est que si la solidarité européenne se rompt, la crise se propagera à tous.
Dénoncez ces démagogues qui opposent les efforts réalisés pour soutenir le système financier des
efforts réalisés pour les peuples. Nous savons toujours qu’un désastre financier entraînerait une débâcle
économique et sociale, et ce jour là, il sera trop tard pour se souvenir que les enjeux financiers sont
aussi des enjeux concrets, des enjeux économiques, des enjeux sociaux.
Enfin, repoussez ceux qui murmurent que le scénario d’une sortie en douceur de l’euro est une option.
Le retour du franc et la dévaluation qui s’en suivrait nous condamneraient pour longtemps à la
récession et à la ruine.
Je refuse de voir l’idéal européen bradé par manque de foi et par manque de cran, par manque aussi de
vision. Et d’ailleurs, s’il n’y avait pas aujourd’hui la politique, si on n’écoutait que l’avis des
techniciens, des banquiers et des experts, nous aurions laissé tomber la Grèce et nous aurions laissé
s’effondrer l’héritage de soixante années de construction européenne. C’est la politique qui nous
permet d’éviter ce désastre. 4
Quand l’Europe s’éveillera : oui, imaginons ce sursaut qui n’a rien d’irréaliste, il faudra regarder les
paramètres qui fondent la force d’une civilisation.
La cohésion démocratique et sociale, la richesse bien sûr, la formation, la technologie, les
infrastructures, la culture. Et bien justement, tout ceci distingue notre continent.
C’est pourquoi, j’affirme que l’Europe de demain peut incarner l’espace le plus stable, le plus prospère
et le plus influent du XXIème siècle.
Alors vous me direz que la crise que subit l’Union européenne peut mutiler ce destin.
Mais cette crise nous allons la surmonter, et nous en ferons le tremplin d’une nouvelle Europe
politique.
Il faut du sang-froid face à des investisseurs et des marchés qui ont perdu leur boussole ; il faut
méthodiquement mettre en œuvre les plans de soutien et les instruments de coordination que nous
avons décidés au niveau européen.
Il faut plus de gouvernance politique, plus de gouvernance économique, plus d’harmonisation fiscale,
plus de volontarisme commercial, et pour cela, il faut un leadership fort.
Nous avons tous écouté ce matin avec intérêt le discours du Président de la Commission européenne. Je
lui ai d’ailleurs dit ce matin que sans leadership fort et sans le tandem franco-allemand il serait
impossible de faire face à la crise. Le tandem franco-allemand est fait pour cela.
La France et l’Allemagne doivent être les pionniers d’une plus grande convergence budgétaire et
fiscale. Ils doivent faire bloc, et donner à l’espace économique et social franco-allemand une harmonie
aussi claire et aussi robuste que possible.
Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL ont décidé qu’en 2013, la France et l’Allemagne auraient la
même fiscalité sur les entreprises et un impôt sur les sociétés entièrement commun. Voilà, c’est une
première étape concrète.
Grâce à l’impulsion franco-allemande, nous avons réussi à mobiliser et à créer dans l’urgence des
moyens de répliquer à la crise.
Il faut maintenant les compléter pour structurer une réponse globale de l’Europe.
C’est ce qui sera fait lors du Conseil européen et du Sommet de la zone euro du 23 octobre, avec un
plan de recapitalisation pour les banques européennes qui en ont le besoin, une stratégie crédible de
court et moyen terme concernant la Grèce, une montée en puissance du Fonds européen de stabilité
financière après la ratification des 17 parlements de la zone euro, une amélioration indispensable de la
gouvernance de la zone euro, et enfin la nécessité pour tous les Etats membres de tirer les leçons
institutionnelles de cette crise.
La semaine dernière, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures décisives pour faciliter le
refinancement des banques.
S’agissant de leurs besoins de recapitalisation, nous sommes d’accord avec l’Allemagne pour renforcer
la structure du capital des banques en Europe.
Des travaux menés par l’Autorité bancaire européenne sont en cours.
Ce qu’il faut, c’est une étroite coordination européenne, et c’est de prendre les choses dans l’ordre.
D’abord, s’accorder sur les objectifs en termes de niveau des fonds propres. Les banques françaises ont
annoncé qu’elles seraient à 9% de fonds propre dès 2013 : la France est favorable à une coordination
européenne sur ce sujet.
Ensuite, il faut voir quels montants sont nécessaires pour quelles banques en Europe. Sur ce sujet, je
voudrais rappeler que depuis 2008 les banques françaises ont considérablement renforcé leurs capitaux
propres.
Enfin, au niveau européen, il faut, en premier lieu, mobiliser les revenus des banques elles-mêmes, qui
doivent être réinvestis pour renforcer le capital, puis, seulement si cela est nécessaire, les capitaux
privés apportés par les actionnaires et les investisseurs, et enfin, en dernier ressort uniquement et au cas
où les autres sources de financement ne seraient pas suffisantes, les capitaux publics, mais avec des
conditions qu’il faudra mettre. 5
Pour la France, je suis confiant dans la capacité de nos banques à mobiliser leurs bénéfices et tous les
moyens dont elles disposent pour conforter leur assise financière.
Le 23 octobre, le défi de la croissance sera aussi au cœur des discussions européennes.
L’Europe ne peut pas dépenser plus, mais elle doit réaffecter ses moyens sur l’activité économique et
sur l’investissement dans les secteurs d’avenir.
Cela passe par une dynamique en faveur du capital risque, cela passe par une réponse commune,
Michel, au défi de la valorisation des brevets, des mesures pour accélérer le développement de
l’économie numérique et un financement européen ciblé sur les infrastructures indispensables à
l’innovation et à la compétitivité.
Mes chers amis,
Face à la crise, notre riposte est européenne, mais elle est aussi nationale.
Si nous ne faisons rien, si nous ne faisons pas l’efforts de réduire nos déficits et d’aller chercher la
croissance nous-mêmes, alors aucune réponse européenne ne sera suffisante.
Avec Valérie PECRESSE et François BAROIN, nous avons présenté un budget pour 2012 qui est l’un
des plus rigoureux que la France ait connus depuis 1945. Et pour la première fois, les dépenses de
l’Etat ont baissé en proportion de la richesse nationale entre 2009 et 2012.
Naturellement ces efforts provoquent des remous.
Naturellement chacun préférerait en être dispensé.
Naturellement la baisse des effectifs dans la fonction publique, la rationalisation de la carte militaire,
judiciaire, sanitaire, la réforme des collectivités territoriales, ftout cela fait grincer des dents.
Mais notre rôle est de dire à nos concitoyens que ces efforts nous protègent de sacrifices bien plus
douloureux si nous laissions nos comptes dériver encore.
La discipline est nécessaire pour réduire nos déficits, mais en phase de reprise économique nous
ciblons aussi nos politiques sur la productivité et l’inventivité.
Comme aucun gouvernement par le passé, nous avons, avec Luc CHATEL et Laurent WAUQUIEZ
investi sur la recherche, sur l’université, sur l’innovation, sur la technologie.
La vérité c’est que la modernité, c’est nous !
Le programme des investissements d’avenir, c’est un acte de foi dans le développement de notre
industrie, de notre appareil scientifique, de nos entreprises.
Avec la réforme de la taxe professionnelle, près de 5 milliards d’euros ont été remis entre les mains des
entrepreneurs qui investissent pour réaliser de nouveaux produits, pour aller conquérir de nouveaux
marchés.
Nous avons puissamment encouragé l’innovation en triplant le crédit impôt recherche.
Avec Nathalie KOSUCIUSKO-MORIZET, nous posons les bases de la croissance verte.
Avec Bruno LE MAIRE, nous soutenons et modernisons notre agriculture, pas par nostalgie, mais
parce que notre force agricole se confond parfois avec notre identité et notre prospérité.
Depuis 2010, nous avons allégé le coût du travail pour les saisonniers dans l’agriculture: cela
représente un effort de 500 M€ par an.
Mais il faut aller plus loin car l’amélioration de la compétitivité des entreprises agricoles passe aussi
par une réduction du coût du travail permanent. C’est ce que nous allons faire dans le cadre du PLF
2012, et cette mesure va être notifiée auprès de la Commission européenne pour lever l’obstacle
européen.
C’est la première fois qu’un Gouvernement prend de telles mesures et je rends hommage à ceux qui ont
porté cette volonté et je pense particulièrement à Bernard REYNES.
Avec Xavier BERTRAND, nous avons réformé le dialogue social pour renforcer sa légitimité
démocratique. Ah, c’est une réforme qui va profondément changer la vie des français. 6
Nous avons connu un dialogue social inégalé depuis 4 ans : il n’y a jamais eu autant d’accords avec les
partenaires sociaux signés.
Dans nos entreprises, près de 9 millions de salariés ont bénéficié des heures supplémentaires
défiscalisées, pour un gain moyen de près de 450 euros par an.
Pour l’emploi et pour les jeunes, nous voulons, avec Nadine MORANO, généraliser l’alternance avec
l’exonération des charges patronales pendant un an pour l’embauche d’un jeune.
Voilà, d’un côté la rigueur budgétaire, de l’autre le soutien à l’investissement, à la productivité, au
travail : voilà notre politique.
Mais en cette période difficile, je voudrais aussi convaincre les Français que tout ne peut pas venir du
sommet, que tout ne dépend pas de l’Etat ni de la puissance publique. Cela nous différencie d’ailleurs
du programme des socialistes.
Beaucoup, peut-être même l’essentiel, dépend aussi du civisme et du sens des responsabilités qui
imprègnent chaque citoyen.
Je ne crois pas qu’on puisse être un républicain de circonstance, selon ses intérêts et ses humeurs. Et je
ne crois pas que la fierté d’être français, et je dirais même la chance d’être français, soit quelque chose
qui se célèbre seulement une fois par an, le 14 juillet.
La récente étude consacrée aux cités de Clichy-Montfermeil semble être une découverte pour certains.
Oui, nous savons mes amis qu’en certains lieux de notre territoire, la République est en panne. Oui elle
est parfois défiée par des communautés et des individus qui ignorent nos lois ou qui pire, sciemment les
insultent, mais oui aussi, il existe dans nos quartiers une farouche envie de République et une profonde
envie d’ordre et de réussite.
Comme Claude GUEANT l’a souligné, le mal ne relève pas seulement d’un manque de moyens
financiers.
Gouvernement après gouvernement, nous avons investi, démoli, rénové des quartiers entiers. En la
matière, notre majorité en a plus fait que celles qui l’ont précédée, et Jean Louis BORLOO y fut pour
beaucoup.
Devant cette étude universitaire, certains parlent encore et toujours d’un manque de fraternité à l’égard
des populations concernées.
Moi je ne parle pas fraternité, je parle action !
Action pour désenclaver les cités, action pour soutenir les élèves méritants, action pour casser les
trafics de drogue, action pour stopper et renvoyer l’immigration irrégulière.
Action, mais aussi responsabilité, et aussi valeurs.
Là aussi, il ne revient pas seulement à l’Education Nationale d’instruire et d’éduquer les enfants et les
adolescents, il revient aux parents de les prendre en mains.
Il ne revient pas seulement aux forces de l’ordre d’assurer la sécurité, il revient aussi à chaque citoyen
de s’opposer par son comportement à la culture de la violence et de dénoncer ce culte de la force et de
l’argent facile qu’alimentent les réseaux.
Et puis, il ne revient pas seulement à la France de se faire aimer et de se faire respecter de ceux qui là
rejoigne, par ce que c’est aussi à chaque individu qu’il revient de faire l’effort de s’intégrer.
Mes chers amis,
Dans cette période si contrainte, seule la réforme, l’effort compétitif, la rigueur budgétaire, le civisme,
sont en mesure de nous relancer.
Est-ce que la gauche est prête à assumer une telle évidence. L’exercice auquel nous venons d’assister
nous prouve tout le contraire.
Tout le problème du socialisme français, c’est qu’il fut conçu et reste conçu pour distribuer les
richesses de la croissance, or tout l’Occident est entré dans une période où ni la croissance, ni les
richesses ne sont assurées. 7
Voilà maintenant plus d’un demi siècle que les socialistes allemands ont fait leur mue sur les questions
économiques.
Chez nous, le parti socialiste cherche toujours des échappatoires: la crise, c’est la faute aux
spéculateurs ; le chômage, la faute à la mondialisation ; les inégalités, la faute aux plus fortunés ;
l’endettement, la faute à la droite.
C’est connu, celui qui cherche des boucs émissaires, ne cherche pas la vérité, il cherche seulement le
moyen de protéger ses illusions. Et celui qui cherche toujours à plaire, ne cherche pas à élever la Nation
mais à l’abuser.
Non, dans le programme du parti socialiste, qu’on me cite une seule mesure courageuse, une seule
mesure tendant à indiquer avec franchise que certains de nos acquis doivent être réformés, une seule
mesure indiquant qu’il faut se retrousser les manches face à la montée en puissance des pays
émergents.
Non, dans le programme socialiste, tout est luxe, calme et volupté… Devant chaque problème de notre
société, ça n’est que dépenses supplémentaires, emplois publics en plus, réformes en moins, et niches
cachées qui seront soi-disant débusquées et qui régleront la note du statu quo.
Les heures supplémentaires défiscalisées ?
Supprimons-les, nous dit le parti socialiste, et revenons au partage du travail qui n’a pourtant jamais
donné plus de travail aux chômeurs, qui comme nous le savons, a pesé sur la compétitivité de notre
pays.
L’augmentation de l’âge de départ à la retraite ?
Supprimons là, nous dit le parti socialiste, pour revenir au symbole des 60 ans.
C’est à court terme 30 milliards de dépense, c’est immédiatement la perte du triple A, c’est
immédiatement la ruine.
C’est absurde, c’est un mensonge, mais qu’importe, mieux vaut une absurdité trompeuse qu’une voix
en moins !
La baisse du nombre de fonctionnaires, engagée dans tous les pays d’Europe, dirigés par la droite et la
gauche ?
Arrêtons-là, nous dit l’opposition, et revenons aux bonnes habitudes d’autrefois, qui, pourtant, n’ont en
rien amélioré l’efficacité de l’Etat et qui ont pesé sur l’endettement.
La réforme de la taxe professionnelle qui a accéléré l’investissement en France ?
Abrogeons-là, nous dit l’opposition, et revenons à la fiscalité locale d’antan, c’était tellement mieux
avant. Et au surplus, abrogeons, dans la foulée, la réforme des collectivités territoriales car il serait
tellement plus confortable de revenir au millefeuilles d’autrefois.
C’est vrai qu’il est cohérent de dire qu’il y a une crise rurale à cause de la monidalisation et de proposer
de s’appuyer sur un système ancien.
A écouter le parti socialiste, on arrête tout, on revient sur tout. Comment voulez-vous que notre pays
avance avec les rois du rétropédalage ?
J’en conviens, dans leur programme il y a deux de nos réformes sont épargnées, et je voudrais m’arrêter
un instant sur ce point, qui en dit long sur le sérieux des arguments qui nous furent opposés lorsque
nous les avons fait voter : ni l’autonomie des universités, ni le service minimum ne sont remis en cause.
Et pourtant, hier, l’opposition s’insurgeait contre la prétendue «privatisation» de notre enseignement
supérieur et le supposé «musellement du droit de grève» : aujourd’hui, n’en disant mot, elle y consent.
Et bien cela est à l’image de cinq années d’opposition, où tout et n’importe quoi nous fut reproché,
alors même que nous servions l’intérêt général.
C’est vrai, on juge un gouvernement sur son bilan. C’est vrai. Mais est-il déraisonnable de juger une
opposition sur le sien ?
La gauche s’interroge encore sur ce que sera ce nouveau siècle. 8
Ce nouveau siècle il est là, et le premier constat que l’on peut faire, c’est qu’il ne prend plus ses conseils
comme ses prédécesseurs au bord de la Tamise, du Tibre, ou de la Seine.
Le monde n’est pas en train de changer, mes chers amis, le monde a changé ! Et le temps de la
nostalgie, des regrets, le temps des hésitations, il est derrière nous.
Le grand mérite, si je puis dire, de la crise actuelle, est de nous dessiller les yeux, elle nous aide à
comprendre, au travers l’éternelle dialectique du progrès et de la décadence des peuples, quel chemin
notre pays doit emprunter.
Dans ce climat mouvant, tantôt étouffant, tantôt explosif, où le doute et la méfiance dominent, la
qualité des relations entre gouvernants et gouvernés doit être une préoccupation de chaque instant.
Parce que la crise n’a aucun égard pour les citoyens. Elle installe les injustices, nourrit les prédateurs,
invite à sa table les extrémistes et les faux prophètes.
Dans plusieurs capitales européennes, comme aux Etats-Unis, pourquoi des milliers de personnes
campent sur les places publiques ?
Parce qu’ils ont perdu confiance.
La crise est financière, économique, mais elle peut aussi devenir une crise des démocraties.
Dans ce paysage entre chien et loup ce que demandent nos concitoyens c’est d’abord de la solidité, c’est
de suivre un cap crédible qui guérit des peurs.
La fin du quinquennat et la campagne électorale de 2012 qui va s’ouvrir, correspondent a un moment
crucial du monde démocratique.
Regardons les choses en face, et ne tremblons pas.
Notre génération a le difficile destin de vivre au croisement de deux époques. Dans les combats entre
les anciens et les modernes ce sont toujours les modernes qui ont gagné. Or, c’est nous les acteurs de la
rupture ; c’est nous les acteurs de l’innovation !
Le dur combat contre les vieilles lunes, les académismes, les facilités, n’est pas fini.
Si l’on vous demande notre programme, n’hésitez pas à le dire : notre programme c’est de prendre les
clefs du XXIème siècle !
Mon dernier fils a 10 ans. Il aura 50 ans en 2050.
Quel jugement portera-t-il sur moi, sur nous tous, si nous n’étions pas à la hauteur de notre devoir ?
Je veux qu’il soit fier de ceux qui auront agi en 2011, en 2012 et après.
A quelques mois des élections, j’imagine d’avance le florilège de promesses. Je pressens déjà la
tentation rassurante d’une médecine douce, qui ménage l’immédiat et rassure chacun.
Mais il y a beaucoup de Français lucides qui savent que l’action et le courage sont plus que jamais
nécessaires.
Alors notre devoir est de combattre ensemble, de choisir en 2012 la bonne stratégie, d’en convaincre
les Français, de leur montrer que le combat est juste, c’est surtout de leur montrer que nous ne le
menons pas pour nous mêmes mais pour eux, pour la France, pour sa prospérité.
Cela ne sera pas sans sacrifices, sans décisions difficiles.
On l’a dit avant moi, beaucoup a été fait. Mais il est nécessaire d’avancer encore, et nous réussirons
ensemble.
Alors on pourra dire en 2050 que du début du XXIème siècle, date un tournant qui a remis la France sur
les rails.
Notre projet se résume facilement.
Une dette réduite en quelques années par un effort justement partagé ; un système éducatif personnalisé
soutenant les plus faibles mais stimulant aussi les plus forts ; un modèle social rénové, plus simple et
plus responsable ; la liberté d’entreprendre confortée par un authentique dialogue social dans
l’entreprise ; l’essor de la recherche publique et privée au soutien de l’emploi ; et enfin une Europe
puissante et libre.
Mes Amis,
Nous n’avons pas le droit de sombrer dans les marécages de la petite politique, nourrie par ces bruits de
couloirs et ces tractations supposées.
Face aux vents contraires, nous devons tenir dignement notre cap, et nous n’avons pas le droit de
baisser les bras.
Je n’ai jamais pensé qu’un travail comme le nôtre coulerait de source. A aucun moment nous n’avons
été des démagogues ou à aucun moment nous avons eu des tentations populistes, au contraire. Avec
Nicolas SARKOZY, nous avons choisi de traiter l’urgent, l’indispensable, ce qui fâche souvent et pas ce
qui flatte.
Je ne considère pas que le temps des réformes s’achève, et j’estime que notre horizon politique reste
ouvert.
Devant nous, avec Nicolas SARKOZY il y a un nouveau quinquennat possible et surtout, mais aussi
devant nous un XXIème siècle qui s’impatiente.
Non, mes chers amis, rien n’est fini, rien n’est joué, tout commence, tout recommence, et tout nous
invite à aller de l’avant.
François FILLON, 1er Ministre