Anne SANDER : « Après le Brexit : Union Européenne, année zéro »
Un Royaume désuni
Le camp du Brexit a gagné. Malgré un score serré, le message est clair : Le Royaume-Uni ne fait plus partie de l’Union européenne. Les raisons sont multiples et nous devrons prendre le temps de les analyser.
Ce divorce est un choc. En premier lieu pour le Royaume Uni, qui en ressort profondément divisé. Le scrutin a révélé en effet une triple fracture.
Une fracture sociale d’abord – entre les classes populaires, grandes perdantes de la mondialisation et de la désindustrialisation, qui ont voté en faveur du Brexit, et les classes supérieures, éduquées et mobiles, plus largement favorables à l’Europe.
Une fracture territoriale ensuite, entre la ville, pro-européenne, et le monde rural, plus eurosceptique, mais également une fracture entre les nations du Royaume-Uni, l’Angleterre et le Pays de Galles, hostiles à l’Europe, l’Ecosse et l’Irlande du Nord en faveur.
Enfin, et c’est le plus frappant, le scrutin a révélé une profonde fracture générationnelle : d’après les sondages, 75% des 18 – 25 ans auraient voté en faveur d’un maintien dans l’Union européenne, alors que près des deux-tiers des plus de 65 ans auraient voté en faveur du Brexit.
Un rebond salutaire
La Grande-Bretagne avait refusé de participer au projet européen à ses débuts. Aujourd’hui, l’Union européenne continue, à nouveau, son chemin sans elle.
La séparation, bien que douloureuse, doit se faire en bonne intelligence et le plus rapidement possible, afin de réduire les incertitudes juridiques et maintenir les liens politiques et économiques noués depuis des décennies. Les anglais doivent néanmoins être conscients qu’ils ne pourront bénéficier des mêmes avantages qu’auparavant. Dehors c’est dehors.
Pour l’Europe, le statut quo n’est plus permis. Un nouveau projet européen, plus politique, plus social, plus efficace, doit voir le jour. Et ce projet doit être validé par les peuples. La France porte une grande responsabilité, dans cette nouvelle Europe qui s’annonce.
Notre pays doit retrouver sa capacité de propositions, de leadership et de vision. L’affaiblissement du gouvernement français actuel ne nous permet pas de formuler des initiatives crédibles. Mais d’ici à mai 2017, nous avons le temps de préparer, avec nos voisins allemands un projet fort, qui redonnera à l’Union européenne son ambition première : réunir une famille de peuples dans un projet d’avenir commun.
Anne SANDER, Député européen