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Tribune : « Le symbole du destin européen est aujourd’hui menacé »

Le plus emblématique des symboles de l’Union, le siège du Parlement européen à Strasbourg, est menacé au mépris de l’Histoire et des Traités.

« Un peuple qui ne sait plus interpréter […] ses propres symboles, devient étranger à lui-même, perd foi en son destin. »

Les mots du poète Adiaffi résonnent aujourd’hui de manière particulière, à l’heure où le plus emblématique des symboles de l’Union, le siège strasbourgeois du Parlement européen, est menacé au mépris de l’Histoire et des Traités.

Depuis plusieurs années, un certain nombre d’élus mène une guérilla contre ce siège, officiellement pour des raisons d’économies, officieusement pour des raisons de confort, en militant pour une centralisation de l’institution à Bruxelles.

La dernière attaque en date est plus pernicieuse, avec la proposition débattue cette semaine par les députés européens de troquer l’Agence du Médicament (EMA) contre le Siège du Parlement européen. Pour nous, il est inenvisageable d’échanger comme un tapis une simple agence contre une Institution comme le Parlement. L’idée serait risible, si elle n’était pas symptomatique de l’acharnement contre le siège alsacien.

Depuis plusieurs années, des élus mènent une guérilla contre ce siège, officiellement pour des raisons d’économies, officieusement pour des raisons de confort.

Cependant, en menaçant Strasbourg, ces élus commettent une triple erreur:

– Juridique d’abord, puisqu’ils n’ont aucun pouvoir sur le choix du siège, qui résulte avant tout d’un compromis historique entre les États membres, inscrit dans les Traités. Remettre en cause la présence en France d’une institution européenne majeure revient à bafouer le deuxième plus grand pays du continent. De plus, ce choix imposerait de rouvrir les négociations sur la localisation de l’ensemble des institutions, organes et agences réparties équitablement dans les autres villes européennes. Est-ce vraiment la priorité?

– La deuxième erreur est financière. Une partie de l’hémicycle du Parlement européen à Bruxelles tombe en ruine, et une étude révélée par la presse chiffre à un demi-milliard d’euros le coût des travaux. Rapatrier toutes les activités parlementaires à Strasbourg et rétrocéder les bureaux bruxellois à la Commission européenne seraient beaucoup plus économique et beaucoup plus raisonnable.

– La dernière erreur est éminemment symbolique. Tourner le dos à Strasbourg, c’est oublier l’histoire de notre continent et faire une croix sur l’ADN du projet européen. Effacer Strasbourg, c’est également affaiblir la démocratie européenne, en diluant dans la technocratie bruxelloise la représentation directe des peuples européens.

Si les hommes passent, les institutions demeurent. Elles sont les fondations sur lesquelles continuer l’œuvre des pères fondateurs.

Avec la disparition d’Helmut Kohl et de Simone Veil, une page de l’Europe se tourne, celle où un petit nombre d’États avançait au rythme des affinités franco-allemandes. Mais si les hommes passent, les institutions demeurent. Elles sont les fondations sur lesquelles continuer l’œuvre des pères fondateurs. Par sa symbolique originelle, de paix, de concorde et de débat démocratique, Strasbourg doit être défendu. Non pas au nom d’une nostalgie d’un âge d’or, mais pour rappeler aux Européens le sens de leur destin commun.

Cette tribune est également cosignée par:

Alain Cadec, Arnaud Danjean, Michel Dantin, Rachida Dati, Angélique Delahaye, Françoise Grossetête, Brice Hortefeux, Philippe Juvin, Constance le Grip, Marc Joulaud, Jérôme Lavrilleux, Alain Lamassoure, Nadine Morano, Renaud Muselier, Elisabeth Morin-Chartier, Maurice Ponga, Franck Proust, Tokia Saïfi.

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