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Interview de Nicolas SARKOZY au journal « 20 minutes Strasbourg » : droit local, Concordat, Fessenheim, Europe à Strasbourg, Conseil d’Alsace

Questionnaire  du journal « 20 minutes « Alsace » »  aux candidats à la Présidentielle 2012

Interview de Nicolas SARKOZY

– L’Alsace et la Moselle jouissent d’un droit local spécifique, offrant notamment des avantages sociaux à leurs habitants. Etes-vous pour ou contre son maintien ?

Nicolas SARKOZY : Pour, bien entendu ! Pourquoi remettre en cause un régime qui fonctionne aussi bien, notamment sur la sécurité sociale ? Je vois plutôt dans le droit local une source d’inspiration sur bien des sujets. Par exemple, je souhaite étendre à la France de l’intérieur le régime de la faillite civile qui existe en Alsace-Moselle. La République que je défends ce n’est pas celle de l’uniformisation coûte que coûte. Le rôle de la République, pour moi, c’est au contraire de faire vivre nos territoires dans leur diversité pour faire émerger ce qu’il y a de meilleur et que le meilleur fasse école.

– En vertu du droit local, les magasins n’ont le droit de lever le rideau que cinq dimanches par an en Alsace-Moselle. En cas d’extension du travail dominical à l’échelle du pays, êtes-vous pour que l’Alsace garde sa spécificité ?

C’est un sujet sur lequel j’ai évolué, après avoir d’ailleurs beaucoup discuté avec les parlementaires alsaciens. Je l’ai dit, dès le début de la campagne, il n’y aura pas d’extension du travail dominical, ni en Alsace, ni dans le reste de le France. La loi de 2009 – dont je rappelle que l’Alsace-Moselle était déjà exclue – a permis d’arriver à un équilibre qui satisfait aujourd’hui toutes les parties.

– Etes-vous favorable au maintien du Concordat qui garantit la liberté de culte en Alsace et en Moselle ? Pourquoi ?

Oui, parce que le Concordat fait consensus. Malgré les vicissitudes de l’histoire et les changements de régime douloureux de l’Alsace-Moselle, ce consensus religieux n’a jamais été remis en cause ; tout simplement parce qu’il a été facteur de paix et de concorde. Vouloir le remettre en cause est irresponsable. Ceux qui veulent modifier la Constitution pour y intégrer les principes de la loi de 1905 mentent lorsqu’ils prétendent que cela serait sans incidence pour l’Alsace-Moselle. Tous les constitutionnalistes sont d’accord. Cette révision de la Constitution prônée par François Hollande, c’est la fin du Concordat. Il faut dire la vérité

– En Alsace, des voix se lèvent pour que l’Islam intègre le Concordat. Quelle est votre position sur le sujet ?

Comme je viens de le rappeler, le régime concordataire est l’héritage d’une histoire multiséculaire en terre d’Alsace. La présence du judaïsme est attestée depuis le XIème siècle. L’Islam a une histoire plus récente sur notre territoire. Pourquoi vouloir appliquer strictement les mêmes règles quand les problématiques ne sont pas les mêmes ? J’ajoute qu’au titre du droit associatif local, les communautés musulmanes d’Alsace et de Moselle bénéficient déjà d’un statut très avancé par rapport au reste du territoire.

– En cas d’élection, fermerez-vous la centrale de Fessenheim, doyenne du parc nucléaire français ? Si oui, pour quelle raison principale et à quelle date ? Si non, pourquoi ?

Non. Je suis venu le dire en personne aux salariés de Fessenheim, le 9 février dernier. J’ai demandé un rapport à l’Autorité de Sécurité Nucléaire. Il a été rendu public le 3 janvier. Cette Autorité a considéré que la centrale pouvait continuer son activité. Il n’y a aucune raison scientifique de fermer Fessenheim. La vérité, c’est que François Hollande sacrifie les salariés de Fessenheim – sans avoir le courage de venir leur dire en face – pour un accord électoral avec Eva Joly. Au-delà de Fessenheim, c’est hélas toute la filière nucléaire qui est menacée par cet accord, c’est-à-dire notre indépendance énergétique. Sans compter que réduire notre production d’énergie nucléaire, c’est l’assurance d’une hausse immédiate du coût de l’énergie qui pèse déjà trop lourdement sur les familles et menacerait la compétitivité des entreprises.

– En décembre, les élus des Conseils Généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin ont voté avec leurs homologues du Conseil Régional d’Alsace la fusion de leurs trois collectivités en un Conseil d’Alsace. Ils aspirent à créer cette collectivité unique en 2014. Etes-vous favorable à sa création ? Si tel est ou non le cas, pourquoi ?

Oui, c’est une très belle initiative que je soutiens depuis l’origine. Je vous rappelle que j’avais écrit la préface du livre de Philippe Richert dans lequel il formulait ce projet avant son élection à la région. C’est tout le sens de la réforme territoriale – caricaturée par l’opposition – que j’ai portée : libérer les initiatives locales ; rompre avec l’uniformité ! Toutes les collectivités qui aspireront à prendre plus d’initiatives recevront toujours mon soutien. Je regarde avec beaucoup d’attention ce qui se passe avec le Conseil d’Alsace, cela peut être un modèle pour les autres régions.

– Le siège strasbourgeois du Parlement européen est remis en cause par les partisans d’un siège unique à Bruxelles. Vous engagez-vous à défendre le statut de capitale européenne de Strasbourg ? Quels moyens utiliserez-vous pour assurer sa pérennité ?

Parce que son histoire est celle de la réconciliation et de la paix en Europe, Strasbourg est et restera la capitale européenne. Le siège des institutions est fixé par les traités. Les traités s’imposent à toutes les institutions et à tous les Etats membres. Le siège du Parlement européen restera à Strasbourg. Sur le plan juridique, j’ai fait saisir la Cour de Justice contre les décisions du Parlement européen remettant insidieusement en cause le rôle de Strasbourg comme siège des sessions plénières. Sur le plan opérationnel, la France a également fait des efforts importants pour conforter la vocation européenne de Strasbourg : développement des liaisons ferroviaires (TGV est-européen) et prise en charge du déficit d’exploitation de certaines lignes aériennes pour assurer la desserte de Strasbourg.

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