Pour une réponse sans ambiguïté à l’intolérance
■ En réaction à la recrudescence d’actes racistes en Alsace, les présidents du conseil régional et des conseils généraux signent en commun la tribune ci-dessous pour que cesse l’intolérance.
Face aux actes de vandalisme à caractère raciste, antisémite et islamophobe, la réponse des élus en responsabilité doit s’exprimer sans aucune ambiguïté.
Sans ambiguïté tout d’abord, condamner de manière absolue chacun de ces actes, qui sont tous injustifiables et révoltants, même si on peut considérer qu’un pas supplémentaire est franchi dés lors que des actions visent directement des personnes, notamment en s’en prenant à leur domicile.
Sans ambiguïté, demander que les services de l’Etat, et notamment la Police, mettent en place des moyens adéquats pour identifier les auteurs de ces agissements et assurent en toute transparence l’information de nos concitoyens. La mise en place d’une cellule dédiée est, en ce sens, un premier pas.
Sans ambiguïté, ne pas se saisir de ces actes pour donner le sentiment qu’en Alsace existerait un climat particulièrement délétère entre les différentes communautés et les différents cultes et que notre région laisse libre cours de manière permanente à un discours d’extrême droite.
Sans ambiguïté, ne pas développer d’interprétation des faits qui vise en réalité à mettre en avant une posture critique de choix gouvernementaux et à sous-entendre que ces choix seraient de nature à créer un contexte propice à de telles manifestations d’intolérance.
La lutte contre le racisme et la xénophobie n’est pas une affaire de « coups » politiques ou médiatiques. L’évocation de la République ne se résume pas à un étendard qu’on brandit, à sa seule initiative, après une atteinte aux valeurs fondamentales.
Les collectivités publiques alsaciennes, au premier chef desquelles la région Alsace sous l’impulsion d’Adrien Zeller, ont toujours porté une attention toute particulière à la concorde universelle et ont mis en œuvre un ensemble d’initiatives pour favoriser ledialogue interreligieux. Les occasions sont nombreuses pour les responsables des différents cultes d’échanger et de dialoguer, y compris à l’invitation des pouvoirs publics. Bien au-delà des principes du Concordat, cette démarche englobe naturellement l’islam et va au-delà des seules religions du Livre.
Indépendamment de l’approche religieuse, l’Alsace est véritablement, et de longue date, une terre d’accueil d’immigrés qui viennent de pays de plus en plus divers ; cela a toujours été perçu comme une richesse ayant un impact positif sur notre région.
La diversité culturelle comme un atout Nous nous considérons comme les héritiers et responsables d’une terre qui a su accueillir les idées de Maître Eckhart et de Johannes
Tauler, de Goethe et de Levinas, de Louise Weiss et de Robert Schuman. Nous souhaitons rester les gardiens d’une Alsace rhénane qui considère la diversité culturelle comme un atout. Nous
ne voyons pas de contradiction entre l’affirmation d’une identité forte et l’ouverture à l’autre. Nous mettons en avant une définition de l’Alsacien comme celui qui partage, un temps de son existence, la vie et les fondamentaux de notre région.
L’affirmation du vivre-ensemble est un combat de chaque instant. Il est de notre responsabilité quotidienne de contribuer à développer l’esprit de tolérance et de rassembler autour des idées républicaines.
C’est là un travail de fond que nos collectivités et les élus en leur sein mènent avec conviction depuis plusieurs années. C’est notamment le cas pour les deux conseils généraux à travers leurs actions de prévention et leur travail sur la mémoire, c’est également le sens de l’action unique et exemplaire qu’est, pour la région, le « Mois de l’Autre ».
Chacune de nos politiques, régionales ou départementales, chacun de nos actes, chacun de nos discours sont menés à l’aune de ces principes intangibles parce nous nous devons d’être exemplaires pour relayer ces messages auprès du plus grand nombre.
C’est pourquoi l’ensemble de la classe politique, les responsables associatifs et de nombreux Alsaciens ont souhaité s’exprimer durant les derniers mois pour condamner les agressions dont ont été victimes les communautés juives ou musulmanes.
Parallèlement, l’ensemble des responsables religieux ont réaffirmé leur souhait de poursuivre un dialogue qui est exemplaire au niveau national.
Dés lors, cette unanimité qui caractérise si bien l’esprit de tolérance alsacien doit être mise à profit pour favoriser les initiatives concrètes que chacun doit prendre pour convaincre les Alsaciens que l’action de quelques individus ne peut compromettre l’unité et l’image de toute une région.
Qu’il s’agisse de prévention, de dialogue entre communautés ou de mesures pratiques de protection des biens et des personnes, nous sommes tous responsables.
Chaque collectivité, chaque association, chaque citoyen a le devoir de mener une action de terrain pour lutter contre ces actes visant à déstabiliser le fonctionnement de la société alsacienne.
Aux actes citoyens !
Charles BUTTNER, président du Conseil Général du Haut-Rhin,
Guy-Dominique KENNEL, président du Conseil Général du Bas-Rhin,
Philippe RICHERT, président du Conseil Régional d’Alsace