Compte rendu de la conférence « Terrorisme et Prévention de la radicalisation » avec Rachida DATI
Compte rendu de la conférence « Terrorisme et Prévention de la radicalisation » avec Rachida DATI
A l’invitation d’Anne SANDER, Député européen, entre 340 et 350 personnes se sont retrouvées le mardi 12 avril à 18H à l’Espace Culturel « Au Fil d’Eau » de LA WANTZENAU, pour une conférence débat avec Rachida DATI, Député européen et ancien Garde des Sceaux, sur le thème : « Terrorisme et Prévention de la radicalisation »
Introduction par Anne SANDER
Anne SANDER a présenté l’oratrice du soir :
Rachida DATI, Magistrate et conseillère de Nicolas Sarkozy, devient après la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, ministre de la Justice, Garde des Sceaux au sein des gouvernements François Fillon jusqu’au 23 juin 2009. Elle est la première personnalité politique née de parents immigrés maghrébins à avoir occupé une fonction régalienne dans un gouvernement français.
Le 29 mars 2008, elle est élue maire du 7e arrondissement de Paris. Depuis le 14 juillet 2009, elle est députée européenne. Elle est membre de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures au sein du Parlement européen pour lequel elle a rendu un rapport sur le Terrorisme et Prévention de la radicalisation dans l’Union européenne.
Anne SANDER a relevé plusieurs points communs entre elles, à savoir leurs difficultés à concilier engagement politique et vie familiale. Toutes deux ont sensiblement le même âge, sont mères de famille et ont poursuivi des études en Sciences Economiques.
Allocution de Rachida DATI
En avant propos, Rachida DATI a tenu à remercier les élus locaux et les militants dont l’engagement au quotidien participe pleinement à la vie démocratique de la nation. Elle a également rendu hommage à André SCHNEIDER qui l’a toujours conseillé ainsi qu’à Franck PROUST, Député européen actif sur le thème du TAFTA/TTIP.
La radicalisation est un sujet d’actualité, un phénomène en pleine expansion qui préoccupe non seulement les concitoyens, mais également toute la scène internationale. Actuellement, 5 000 jeunes français sont engagés dans les mouvements islamiques radicalisés. 627 ont été signalisés dans le Bas-Rhin dont 15 sont partis en Syrie.
Lorsque François BAYROU était ministre de l’Education nationale en 1993-1994, Rachida DATI était sa conseillère en charge notamment de la question des foulards à l’école. Elle avait mené une enquête à Strasbourg, terre de concordat avec une forte présence de la communauté turque, où cet attribu vestimentaire était totalement dépolitisé à cette époque et uniquement culturel. A contrario, le foulard était politisé dans les autres régions de France, notamment à Paris. La question de la radicalisation islamique est un problème de volonté politique.
La communauté internationale est affectée dans sa globalité. Face à la barbarie, il est nécessaire de condamner et de poursuivre les criminels et les meurtriers sans demie-mesures. En outre, on assiste à une diversification des profils : la radicalisation islamique peut arriver à tout le monde.
Dans cette optique, Manuel VALLS a annoncé la création de déradicalisation ; il n’a néanmoins pas précisé sur quel programme, quel moyen, quel endroit, si c’était sur la base du volontariat ou de la coercision. Un fois encore, le gouvernement socialiste actuel manque de volonté politique, annonce sans prendre aucune mesure concrète.
Il existe deux types de moyens pour déradicaliser :
- Pour les mineurs, le placement d’office dans des centres de rééducation.
- Pour les majeurs, la poursuite, l’arrestation en centres spécialisés, l’assignation à résidence et le fichage S.
90% de la radicalisation s’effectue par internet et dans les prisons. L’information ne manque pas en France car le renseignement est très efficace. Ce qu’il manque, ce sont des profilers, des spécialistes qui recoupent les informations afin d’anticiper et d’arrêter les cas dangereux. Il est donc nécessaire dès à présent de former et de recruter des experts de l’analyse d’information.
Le phénomène de radicalisation a commencé dans les années 1990. Il s’est amplifié depuis 2001 et avec les attentats de New York où dans nos prisons, Ben Laden a été acclamé. C’est à ce moment là que l’idéologie islamiste radical, basé sur l’incitation à la haine et au rejet s’est mis en place.
Aujourd’hui, il existe dans nos prisons des programme de déradicalisation. Malgré cela, les détenus radicalisés s’isolent. Ces derniers ont été persuadé par les recruteurs de rejeter la musique, leur famille, de se détacher socialement et de ne pas parler aux aumoniers musulmans. Ces recruteurs vivent tranquillement au sein de la population et ne sont pas physiquement identifiables contrairement aux préjugés. Le seul moyen de les repérer réside dans le renseignement et grâce aux indicateurs.
C’est pourquoi, depuis 2013, le PPE souhaite faire voter par le Parlement européen le PNR. Il s’agit d’un échange de renseignements entre les services de police des pays de l’UE mais également entre les pays tiers et les pays de l’UE. Toutes les personnes qui se déplacent en avion sont identifiées et les listes comprennent : le nom, le prénom, la fonction de la personne ainsi que le mode de paiement du billet. Ces informations recoupées avec d’autres renseignements permettent d’établir des liens entre les criminels et de prévenir des attentats.
Tous les jours, en France et en Europe, nous avons des retours de jeunes partis combattre pour Daech en Syrie. Ces jeunes sont souvent très marqués, tant physiquement que psychologiquement. Parfois, certains sont entrainés comme machine de guerre prêt à tuer, juste pour exister médiatiquement.
Conlusions, mesures concrètes et réponses aux questions du public :
- Si l’on en croit les films de recrutement djihadistes, leur cause est idyllique. Ceux qui viennent combattre sont des héros. Diffusés sur internet, ils émeuvent des jeunes isolés ou en manque de reconnaissance sociale. Les hébergeurs des sites et gérants d’internet devraient, selon Rachida DATI, être responsable pénalement.
- Le profil typique du jeune en cours de radicalisation est le suivant : il n’aime pas l’école, c’est un décrocheur. Le système scolaire ne lui convient pas. Rachida DATI est donc favorable à l’apprentissage dès l’âge de 14 ans.
- Il est nécessaire d’épurer les Fichiers S afin de les spécialiser.
- Il est nécessaire d’effectuer un nettoyage au sein de la PJJ. Les éducateurs « grands frères » sont souvent d’anciens criminels repentis. Afin de rééduquer efficacement les jeunes en difficulté, il faut leur montrer des exemples de réussite, et non des cadres au profils douteux.
- Les criminels radicalisés potentiels ou avérés doivent être assignés à résidence ou emprisonnés dans des centres spécialisés pour la réinsertion avec le recrutement d’aumoniers musulmans, formé en France. Rachida DATI n’est pas opposée aux financements étrangers des religions qui doivent être déclarés et contrôlés par l’Etat.
- Les imams doivent être formés en France et ouvrir des chaires d’université en théologie chrétienne et musulmanes à travers le pays. Par manque de prêtres musulmans, la France a importé des imams étrangers dont les sermons sont parfois à l’encontre des principes de notre République. Le recrutement doit être passé placé sous contrôle et les sermons doivent être vérifiés. Il faut également fermer les Mosquées Salafistes.
- Afin de régler le conflit Syrien, il est indispensable s’entendre et de composer avec les russes.
- Les djihadistes profitent et se réjouissent de la division sur ses propos entre pays, de la différences de points de vue entre nos concitoyens et de la fracturation politique et sociale. Nous avons besoin d’union, de coopération policière internationale et d’unité tant nationale qu’européenne. Les citoyens ne sont pas foncièrement racistes ou xénophones ; ils ne supportent juste plus rien car ils sont témoins d’abus et victimes du manque de volonté politique et rejette avec force le laxisme de l’Etat. La primaire républicaine devra porter sur la restauration de l’autorité, sur la cohésion sociale et sur l’unité nationale.
Fin conviviale autour d’un verre de l’amitié, prises de photos et remerciements.
Pour compléter votre information sur le sujet, vous pouvez consulter le livret de Rachida DATI : « Prévenir la radicalisation »