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Emile BLESSIG : « Droit Local et Concordat : un acquis auquel nous tenons ! »

Le respect de nos spécificités alsaciennes par notre république est la pierre angulaire de notre organisation politique régionale. C’est une manière de reconnaître et respecter les héritages de notre histoire, souvent douloureuse, dont notre droit local est une des illustrations.

Proposer de supprimer le concordat, c’est-à-dire les dispositions relatives à l’organisation des cultes reconnus en Alsace, c’est mettre en cause notre droit local pour des raisons idéologiques. Le débat est donc bien politique et je suis fermement opposé à la proposition du candidat socialiste, François Hollande, de suppression du concordat.

La réglementation des cultes en droit local pose la question de la place des valeurs religieuses dans notre société et nous reconnaissons le fait que les valeurs religieuses ont une double dimension individuelle et collective.

Sur le plan individuel, la liberté religieuse consiste à choisir sans contrainte sa religion ou le fait de ne pas en avoir c’est une liberté fondamentale de notre république. Cependant nous refusons de cantonner les valeurs religieuses à la sphère privée, car elles ont également une dimension collective. Les pratiques cultuelles et, dans nos institutions, les actions de solidarité des églises, aumôneries des hôpitaux ou de l’armée en sont autant d’exemples. Ces valeurs spirituelles dans leurs dimensions individuelles et collectives font partie intégrante de notre héritage et nous souhaitons les préserver.

La laïcité est la double reconnaissance de la liberté religieuse d’une part et de la neutralité de l’état de l’autre, et la vision simpliste d’une laïcité en opposition frontale avec les religions n’a jamais trouvé sa place en Alsace.

Nous pratiquons une laïcité ouverte respectant la liberté religieuse, mais prenant en compte l’utilité collective des valeurs spirituelles des religions d’où la prise en charge par l’état des salaires des ministres du culte et la possibilité pour les collectivités locales de soutenir les investissements des religions reconnues. Cet équilibre nous convient, nous souhaitons le conserver.

Conscient de son erreur, le candidat socialiste propose aujourd’hui d’inscrire le concordat dans la constitution. Cette proposition improvisée à la hâte, au vu des réactions alsaciennes, ne va pas sans difficultés. Sommes-nous sûrs que nos socialistes locaux ont le poids politique suffisant pour faire face à leurs collègues « laïcards » et leurs alliés politiques dont la volonté de supprimer le concordat est bien connue ? On peut en douter, et ouvrir sur un tel sujet le débat constitutionnel c’est courir le risque inutile d’une suppression à la faveur d’une majorité de circonstance. En l’espèce le mieux est l’ennemi du bien, et aucun retour en arrière ne sera possible.

En dernier lieu, cette proposition de suppression d’abord, d’inscription du concordat dans la constitution ensuite n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable. La place et l’organisation cultuelle de l’Alsace est une chose sérieuse, facteur de lien social, qui mérite assurément réflexion et prise en compte du nouveau paysage cultuel de notre région.

La proposition du candidat socialiste relève de l’improvisation et d’une méconnaissance profonde de notre culture et des réalités locales. Sans nous réfugier dans l’immobilisme, défendons notre statut local des cultes ; c’est un atout qui mérite notre engagement.

Emile BLESSIG
Député – Maire de Saverne
http://www.blessig.org/

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