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Discours de François FILLON aux Journées Parlementaires de l’UMP – St Cyr sur Loire 14-10-11

Journées parlementaires de l’UMP
Saint-Cyr-sur-Loire
Discours de François FILLON

Mes chers amis,
Je voudrais d’abord rendre hommage, en votre nom à tous, à une jeune femme de 30 ans, mariée, mère
de deux enfants, gardienne de la paix, qui a été lâchement attaquée dans l’exercice de ses fonctions à la
préfecture de Bourges, ainsi qu’à un de ses collègues qui a été blessé.
A travers elle, à travers  eux, je veux rendre hommage à nos policiers, à  nos gendarmes qui  font  des
métiers si difficiles qui méritent tout notre respect et toute notre reconnaissance.

En débutant mon discours, je voudrais me tourner vers Philippe BRIAND qui nous reçoit chez lui avec
le cœur qui le caractérise.
Je veux dire que Philippe suscite toute notre admiration.
Je suis venu souvent à Saint-Cyr-sur-Loire pour clore ses campagnes législatives.
Philippe prétend que je lui porte chance, et je lui dis que, le moment venu, je serai à ses côtés et à vos
côtés pour mener la bataille.

Ma pensée est aussi tournée vers Gérard LARCHER, et vers vos collègues sénateurs.
La perte du Sénat est un coup dur, mais cet avertissement est une occasion de nous mobiliser pour aller
vers cette victoire que nous devons chercher de toutes nos forces et par toute notre unité.
Et  cette  mobilisation,  elle  doit  s’enclencher  dans  les  travées  mêmes  de  la  Haute  Assemblée  où  nos
sénateurs doivent défendre nos valeurs avec détermination.

La  presse  l’a  peu  noté,  toute  occupée  qu’elle  était  à  commenter  les  primaires  socialistes,  mais  la
désignation  de  Philippe  MARINI  à  la  Commission  des  Finances  est  bien  la  confirmation  que  nous,
notre majorité, avons réussi à imposer la modernisation de nos institutions.
Je dis bien «imposer», car si nous n’avions pas créé un précédent à l’Assemblée Nationale, jamais la
gauche n’aurait fait un tel geste que je crois fécond pour la démocratie française.
Quoi qu’il en soit, le basculement du Sénat impose une cohésion parlementaire sans faille.
Autour de Christian JACOB, de Jean-Claude GAUDIN, de Bernard ACCOYER, de moi-même, je vous
demande unité et sens de l’intérêt collectif.
Il faut démontrer aux Français que l’UMP set plus que jamais la force de stabilité et de changement que
les circonstances réclame.

Mes chers amis,
Avec la chute du mur de Berlin beaucoup prophétisaient la fin de l’Histoire. Hors c’est le contraire qui
s’est  passé,  l’Histoire  s’est  au  contraire  accélérée,  libérant  toutes  ses  virulences  géopolitiques,
spirituelles et économiques.
Avec  la  victoire  du  capitalisme,  certains  annonçaient  l’émergence  d’un  universalisme  commercial  et
financier; la crise a brisé le sacre d’un système qui pensait le monde comme un vaste casino au sein
duquel les responsables publics seraient tenus de jouer le rôle de croupiers.
Après  des  siècles  de  domination  occidentale,  certains  pariaient  sur  la  lente  remontée  des  continents
émergents.

En  2009,  la  Chine  a  détrôné  l’Allemagne  comme  premier  exportateur  mondial  et  est  devenu  le
deuxième pays d’accueil des investissements étrangers.    2
En  10  ans  seulement,  la  Chine,  l’Inde,  le  Brésil  se  sont  imposés  de  façon  fulgurante  sur  la  scène
internationale, et, dorénavant, tout le défi est de maîtriser les élans de la mondialisation.

Au  parti  socialiste,  les  «impétrants»  dissertent  sur  la  «démondialisation»,  comme  autrefois  les  états-
majors se disputaient sur le tracé de la ligne Maginot.

Nous, nous assumons les temps nouveaux.
Nicolas Sarkozy s’est révélé un homme capable d’affronter les tempêtes les plus imprévues et les plus
dures.
A la présidence du G20, notre pays agit en leader d’un monde désordonné en mal de repères.
Au moment opportun, là où la main peut trembler, la France a su offrir aux peuples ivoiriens et libyens
le  pouvoir  de  conquérir  leur  liberté,  et  je  veux  saluer,  avec  Gérard  LONGUET,  la  maîtrise  de  nos
armées et el courage de nos soldats.
Au  Proche-Orient,  mon  cher  Alain,  notre  diplomatie  présente  courageusement  aux  Israéliens  et  aux
Palestiniens les voies d’une solution responsable et audacieuse.
Et au sein de l’Union européenne, la France défend l’Europe comme elle défendrait son propre héritage
national.

Nous  imaginions  que  ce  nouveau  siècle,après  un  XXème  siècle  aussi  sanglant,  allait  nous  fournir
l’espace  d’une  respiration ;  que  ce  quinquennat  se  déroulerait  sous  les  auspices  d’une  prospérité
internationale qui semblait solide.
Rien de cela n’est arrivé.
2007-2012, ce quinquennat de combat fut mené pour protéger la France et pour protéger les Français de
la pire bourrasque économique et financière que nous ayons connue depuis les années 1930.

Il est vrai qu’au printemps 2007, nous ne savions pas combien nos choix politiques nous aideraient à la
gérer cette crise.

Bien avant la crise bancaire et la crise des dettes souveraines, notre majorité a entrepris de libérer notre
société de l’illusion d’une prospérité tranquille.
Nous avons réformé, et nous avons réformé encore, et cela dans les pires conditions qui soient.
On parlera peut-être un jour « d’années courage » comme on parlait  des « trente glorieuses ».
Aujourd’hui, je sais mieux que quiconque que le résultat des élections locales est un résultats qui est dur
à vivre et pour nos amis, difficiles  à comprendre.
Mais, je vous en prie, pas de déception, pas de désertion !

Si  le  peuple  français  exprime  son  inquiétude,  il  nous  dit  aussi  son  besoin  de  progrès,  son  désir
d’avancer, sa volonté de justice. Il nous interpelle, et nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes,
de ce que nous voulons, de ce que nous avons fait.

Dans la crise, tenir le cap de la modernisation n’allait pas de soi.
Bien  des  gouvernements  auraient  mis  le  pied  sur  le  frein.  Nous  n’avons  pas  cédé  à  cette  facilité
coupable.
Et  je  voudrais  aujourd’hui,  pour  cette  dernière  réunion  des  parlementaires  dans  cette  configuration,
avant  les  élections  rendre  l’honneur  qui  leur  est  du  aux  parlementaires  de  l’UMP  qui,  malgré  les
protestations, malgré les risques d’impopularité, malgré les coups de l’opposition, ont tenu la ligne du
changement.

Nous n’avons pas tout réussi ; plusieurs de nos objectifs ont été bousculés par la récession et la crise ;
dans notre course pour transformer notre pays il nous est arrivé d’agir avec précipitation…
Il n’est pas besoin d’idéaliser notre bilan pour le rendre respectable.
Il y a une chose essentielle que nous avons réussi : nous avons retendu l’énergie française et nous avons
remis à l’endroit les pensées qui faisaient marcher notre pays à l’envers.    3
Pas de solidarité sans productivité.
Pas de liberté sans sécurité.
Pas de rayonnement universitaire sans autonomie.
Pas de service public sans continuité du service public.
Pas d’intégration sans immigration contrôlée.
Pas de République sans laïcité.

Pour nous, l’avenir de notre nation repose sur son aptitude à regarder la vérité en face.
Et cette vérité à aujourd’hui un nom : c’est la dette !
La crise des dettes souveraines est plus qu’un problème financier. La crise des dettes souveraines révèle
un problème de civilisation, et plus précisément le problème d’une civilisation européenne qui a préféré
vivre au dessus de ses moyens en s’endettant plutôt que de se remettre en cause.
Tout  parti  politique  et  tout  programme  ignorant  cette  donnée  cruelle  mais  cruciale  devront  être
considérés comme disqualifiés pour défendre l’intérêt général.

Cet été, la première puissance du monde a vu sa crédibilité financière mise en doute.
Quant à l’Europe, nous savons qu’elle vit sur un volcan.
Nous sommes plongés au cœur des tensions de la mondialisation, et l’honneur des Chefs d’Etat est de
dégager des solutions communes, en résistant tout à la fois au vertige du nationalisme et de la sélection
darwinienne.

Ce qui est en jeu avec cette crise des dettes souveraines, c’est le sort de notre indépendance nationale,
et c’est le sort de l’Union européenne.

Notre premier devoir, c’est d’affronter la réalité, sans démagogie et sans chercher d’excuses.
Quand on a plus de 1.600 milliards de dette, il est tout à fait inutile de s’en prendre aux agences de
notation, aux banquiers, aux traders, ou qui sais-je encore…
Il faut avoir le courage de se reprendre en mains.

Notre second devoir, c’est d’agir collectivement, avec l’Europe et pour l’Europe.
En temps de crise, le mauvais réflexe, c’est de se replier sur soi. Contre l’Europe, contre l’euro, contre
l’aide à la Grèce, cette musique suicidaire se fait entendre.
Je m’y oppose de toutes mes forces !
Avec  le  Président  de  la  République,  avec  notre  majorité,  nous  ne  renoncerons  pas  aux  acquis  de
l’Europe;  nous ne lâcherons pas 60 années de construction politique.

N’écoutez  pas  tous  ces  défaitistes  qui  prétendent  qu’en  isolant  la  Grèce,  en  la  laissant  dériver,  on
sauvera le reste. La vérité c’est que si la solidarité européenne se rompt, la crise se propagera à tous.
Dénoncez  ces  démagogues  qui  opposent  les  efforts  réalisés  pour  soutenir  le  système  financier  des
efforts réalisés pour les peuples. Nous savons toujours qu’un désastre financier entraînerait une débâcle
économique et sociale, et ce jour là, il sera trop  tard pour se souvenir que les enjeux financiers sont
aussi des enjeux concrets, des enjeux économiques, des enjeux sociaux.

Enfin, repoussez ceux qui murmurent que le scénario d’une sortie en douceur de l’euro est une option.
Le  retour  du  franc  et  la  dévaluation  qui  s’en  suivrait  nous  condamneraient  pour  longtemps  à  la
récession et à la ruine.

Je refuse de voir l’idéal européen bradé par manque de foi et par manque de cran, par manque aussi de
vision.  Et  d’ailleurs,  s’il  n’y  avait  pas  aujourd’hui  la  politique,  si  on  n’écoutait  que  l’avis  des
techniciens,  des  banquiers  et  des  experts,  nous  aurions  laissé  tomber  la  Grèce  et  nous  aurions  laissé
s’effondrer  l’héritage  de  soixante  années  de  construction  européenne.  C’est  la  politique  qui  nous
permet d’éviter ce désastre.   4
Quand l’Europe s’éveillera : oui, imaginons ce sursaut qui n’a  rien d’irréaliste, il faudra regarder les
paramètres qui fondent la force d’une civilisation.
La   cohésion   démocratique   et   sociale,   la   richesse   bien   sûr,   la   formation,   la   technologie,   les
infrastructures, la culture. Et bien justement, tout ceci distingue notre continent.
C’est pourquoi, j’affirme que l’Europe de demain peut incarner l’espace le plus stable, le plus prospère
et le plus influent du XXIème siècle.

Alors vous me direz que la crise que subit l’Union européenne peut mutiler ce destin.
Mais  cette  crise  nous  allons  la  surmonter,  et  nous  en  ferons  le  tremplin  d’une  nouvelle  Europe
politique.
Il  faut  du  sang-froid  face  à  des  investisseurs  et  des  marchés  qui  ont  perdu  leur  boussole ;  il  faut
méthodiquement  mettre  en  œuvre  les  plans  de  soutien  et  les  instruments  de  coordination  que  nous
avons décidés au niveau européen.
Il faut plus de gouvernance politique, plus de gouvernance économique, plus d’harmonisation fiscale,
plus de volontarisme commercial, et pour cela, il faut un leadership fort.
Nous avons tous écouté ce matin avec intérêt le discours du Président de la Commission européenne. Je
lui  ai  d’ailleurs  dit  ce  matin  que  sans  leadership  fort  et  sans  le  tandem  franco-allemand  il  serait
impossible de faire face à la crise. Le tandem franco-allemand est fait pour cela.
La  France  et  l’Allemagne  doivent  être  les  pionniers  d’une  plus  grande  convergence  budgétaire  et
fiscale. Ils doivent faire bloc, et donner à l’espace économique et social franco-allemand une harmonie
aussi claire et aussi robuste que possible.
Nicolas SARKOZY et Angela MERKEL ont décidé qu’en 2013, la France et l’Allemagne auraient la
même  fiscalité  sur  les  entreprises  et  un  impôt  sur  les  sociétés  entièrement  commun.  Voilà,  c’est  une
première étape concrète.

Grâce  à  l’impulsion  franco-allemande,  nous  avons  réussi  à  mobiliser  et  à  créer  dans  l’urgence  des
moyens de répliquer à la crise.
Il faut maintenant les compléter pour structurer une réponse globale de l’Europe.
C’est ce qui sera fait lors du Conseil européen et du Sommet de la zone euro du 23 octobre, avec un
plan  de  recapitalisation  pour  les  banques  européennes  qui  en  ont  le  besoin,  une  stratégie  crédible  de
court  et  moyen  terme  concernant  la  Grèce,  une  montée  en  puissance  du  Fonds  européen  de  stabilité
financière après la ratification des 17 parlements de la zone euro, une amélioration indispensable de la
gouvernance  de  la  zone  euro,  et  enfin  la  nécessité  pour  tous  les  Etats  membres  de  tirer  les  leçons
institutionnelles de cette crise.

La semaine dernière, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures décisives pour faciliter le
refinancement des banques.
S’agissant de leurs besoins de recapitalisation, nous sommes d’accord avec l’Allemagne pour renforcer
la structure du capital des banques en Europe.
Des travaux menés par l’Autorité bancaire européenne sont en cours.
Ce qu’il faut, c’est une étroite coordination européenne, et c’est de prendre les choses dans l’ordre.
D’abord, s’accorder sur les objectifs en termes de niveau des fonds propres. Les banques françaises ont
annoncé qu’elles seraient à 9% de fonds propre dès 2013 : la France est favorable à une coordination
européenne sur ce sujet.
Ensuite, il faut voir quels montants sont nécessaires pour quelles banques en Europe. Sur ce sujet, je
voudrais rappeler que depuis 2008 les banques françaises ont considérablement renforcé leurs capitaux
propres.
Enfin, au niveau européen, il faut, en premier lieu, mobiliser les revenus des banques elles-mêmes, qui
doivent  être  réinvestis  pour  renforcer  le  capital,  puis,  seulement  si  cela  est  nécessaire,  les  capitaux
privés apportés par les actionnaires et les investisseurs, et enfin, en dernier ressort uniquement et au cas
où  les  autres  sources  de  financement  ne  seraient  pas  suffisantes,  les  capitaux  publics,  mais  avec  des
conditions qu’il faudra mettre.   5
Pour la France, je suis confiant dans la capacité de nos banques à mobiliser leurs bénéfices et tous les
moyens dont elles disposent pour conforter leur assise financière.

Le 23 octobre, le défi de la croissance sera aussi au cœur des discussions européennes.
L’Europe ne peut pas dépenser plus, mais elle doit réaffecter ses moyens sur l’activité économique et
sur l’investissement dans les secteurs d’avenir.
Cela  passe  par  une  dynamique  en  faveur  du  capital  risque,  cela  passe  par  une  réponse  commune,
Michel,  au  défi  de  la  valorisation  des  brevets,  des  mesures  pour  accélérer  le  développement  de
l’économie  numérique  et  un  financement  européen  ciblé  sur  les  infrastructures  indispensables  à
l’innovation et à la compétitivité.

Mes chers amis,
Face à la crise, notre riposte est européenne, mais elle est aussi nationale.
Si  nous  ne  faisons  rien,  si  nous  ne  faisons  pas  l’efforts  de  réduire  nos  déficits  et  d’aller  chercher  la
croissance nous-mêmes, alors aucune réponse européenne ne sera suffisante.

Avec Valérie PECRESSE et François BAROIN, nous avons présenté un budget pour 2012 qui est l’un
des  plus  rigoureux  que  la  France  ait  connus  depuis  1945.  Et  pour  la  première  fois,  les  dépenses  de
l’Etat ont baissé en proportion de la richesse nationale entre 2009 et 2012.
Naturellement ces efforts provoquent des remous.
Naturellement chacun préférerait en être dispensé.
Naturellement la baisse des effectifs dans la fonction publique, la rationalisation de la carte militaire,
judiciaire, sanitaire, la réforme des collectivités territoriales, ftout cela fait grincer des dents.
Mais  notre  rôle  est  de  dire  à  nos  concitoyens  que  ces  efforts  nous  protègent  de  sacrifices  bien  plus
douloureux si nous laissions nos comptes dériver encore.

La  discipline  est  nécessaire  pour  réduire  nos  déficits,  mais  en  phase  de  reprise  économique  nous
ciblons aussi nos politiques sur la productivité et l’inventivité.
Comme  aucun  gouvernement  par  le  passé,  nous  avons,  avec  Luc  CHATEL  et  Laurent  WAUQUIEZ
investi sur la recherche, sur l’université, sur l’innovation, sur la technologie.
La vérité c’est que la modernité, c’est nous !
Le  programme  des  investissements  d’avenir,  c’est  un  acte  de  foi  dans  le  développement  de  notre
industrie, de notre appareil scientifique, de nos entreprises.

Avec la réforme de la taxe professionnelle, près de 5 milliards d’euros ont été remis entre les mains des
entrepreneurs  qui  investissent  pour  réaliser  de  nouveaux  produits,  pour  aller  conquérir  de  nouveaux
marchés.
Nous avons puissamment encouragé l’innovation en triplant le crédit impôt recherche.
Avec Nathalie KOSUCIUSKO-MORIZET, nous posons les bases de la croissance verte.
Avec  Bruno  LE  MAIRE,  nous  soutenons  et  modernisons  notre  agriculture,  pas  par  nostalgie,  mais
parce que notre force agricole se confond parfois avec notre identité et notre prospérité.
Depuis  2010,  nous  avons  allégé  le  coût  du  travail  pour  les  saisonniers  dans  l’agriculture:  cela
représente un effort de 500 M€ par an.
Mais il faut aller plus loin car l’amélioration de la compétitivité des entreprises agricoles passe aussi
par une réduction du coût du travail permanent. C’est ce que nous allons faire dans le cadre du PLF
2012,  et  cette  mesure  va  être  notifiée  auprès  de  la  Commission  européenne  pour  lever  l’obstacle
européen.
C’est la première fois qu’un Gouvernement prend de telles mesures et je rends hommage à ceux qui ont
porté cette volonté et je pense particulièrement à Bernard REYNES.

Avec  Xavier  BERTRAND,  nous  avons  réformé  le  dialogue  social  pour  renforcer  sa  légitimité
démocratique. Ah, c’est une réforme qui va profondément changer la vie des français.   6
Nous avons connu un dialogue social inégalé depuis 4 ans : il n’y a jamais eu autant d’accords avec les
partenaires sociaux signés.
Dans  nos  entreprises,  près  de  9  millions  de  salariés  ont  bénéficié  des  heures  supplémentaires
défiscalisées, pour un gain moyen de près de 450 euros par an.
Pour l’emploi et pour les jeunes, nous voulons, avec Nadine MORANO, généraliser l’alternance avec
l’exonération des charges patronales pendant un an pour l’embauche d’un jeune.

Voilà,  d’un  côté  la  rigueur  budgétaire,  de  l’autre  le  soutien  à  l’investissement,  à  la  productivité,  au
travail : voilà notre politique.

Mais en cette période difficile, je voudrais aussi convaincre les Français que tout ne peut pas venir du
sommet, que tout ne dépend pas de l’Etat ni de la puissance publique. Cela nous différencie d’ailleurs
du programme des socialistes.
Beaucoup,  peut-être  même  l’essentiel,    dépend  aussi  du  civisme  et  du  sens  des  responsabilités  qui
imprègnent chaque citoyen.
Je ne crois pas qu’on puisse être un républicain de circonstance, selon ses intérêts et ses humeurs. Et je
ne crois pas que la fierté d’être français, et je dirais même la chance d’être français, soit quelque chose
qui se célèbre seulement une fois par an, le 14 juillet.

La récente étude consacrée aux cités de Clichy-Montfermeil semble être une découverte pour certains.
Oui, nous savons mes amis qu’en certains lieux de notre territoire, la République est en panne. Oui elle
est parfois défiée par des communautés et des individus qui ignorent nos lois ou qui pire, sciemment les
insultent, mais oui aussi, il existe dans nos quartiers une farouche envie de République et une profonde
envie d’ordre et de réussite.
Comme  Claude  GUEANT  l’a  souligné,  le  mal  ne  relève  pas  seulement  d’un  manque  de  moyens
financiers.
Gouvernement  après  gouvernement,  nous  avons  investi,  démoli,  rénové  des  quartiers  entiers.  En  la
matière, notre majorité en a plus fait que celles qui l’ont précédée, et Jean Louis BORLOO y fut pour
beaucoup.

Devant cette étude universitaire, certains parlent encore et toujours d’un manque de fraternité à l’égard
des populations concernées.
Moi je ne parle pas fraternité, je parle action !
Action  pour  désenclaver  les  cités,  action  pour  soutenir  les  élèves  méritants,  action  pour  casser  les
trafics de drogue, action pour stopper et renvoyer l’immigration irrégulière.
Action, mais aussi responsabilité, et aussi valeurs.
Là aussi, il ne revient pas seulement à l’Education Nationale d’instruire et d’éduquer les enfants et les
adolescents, il revient aux parents de les prendre en mains.
Il ne revient pas seulement aux forces de l’ordre d’assurer la sécurité, il revient aussi à chaque citoyen
de s’opposer par son comportement à la culture de la violence et de dénoncer ce culte de la force et de
l’argent facile qu’alimentent les réseaux.
Et puis, il ne revient pas seulement à la France de se faire aimer et de se faire respecter de ceux qui là
rejoigne, par ce que c’est aussi à chaque individu qu’il revient de faire l’effort de s’intégrer.

Mes chers amis,
Dans cette période si contrainte, seule la réforme, l’effort compétitif, la rigueur budgétaire, le civisme,
sont en mesure de nous relancer.
Est-ce que la gauche est prête à assumer une telle évidence. L’exercice auquel nous venons d’assister
nous prouve tout le contraire.
Tout  le  problème  du  socialisme  français,  c’est  qu’il  fut  conçu  et  reste  conçu  pour  distribuer  les
richesses  de  la  croissance,  or  tout  l’Occident  est  entré  dans  une  période  où  ni  la  croissance,  ni  les
richesses ne sont assurées.   7

Voilà maintenant plus d’un demi siècle que les socialistes allemands ont fait leur mue sur les questions
économiques.
Chez  nous,  le  parti  socialiste  cherche  toujours  des  échappatoires:    la  crise,  c’est  la  faute  aux
spéculateurs ;  le  chômage,  la  faute  à  la  mondialisation ;  les  inégalités,  la  faute  aux  plus  fortunés ;
l’endettement, la faute à la droite.
C’est connu, celui qui cherche des boucs émissaires, ne cherche pas la vérité, il cherche seulement le
moyen de protéger ses illusions. Et celui qui cherche toujours à plaire, ne cherche pas à élever la Nation
mais à l’abuser.

Non,  dans  le  programme  du  parti  socialiste,  qu’on  me  cite  une  seule  mesure  courageuse,  une  seule
mesure tendant à indiquer avec franchise que certains de nos acquis doivent être réformés, une seule
mesure  indiquant  qu’il  faut  se  retrousser  les  manches  face  à  la  montée  en  puissance  des  pays
émergents.
Non, dans le programme socialiste, tout est luxe, calme et volupté… Devant chaque problème de notre
société, ça n’est que dépenses supplémentaires, emplois publics en plus, réformes en moins, et niches
cachées qui seront soi-disant débusquées et qui régleront la note du statu quo.

Les heures supplémentaires défiscalisées ?
Supprimons-les, nous dit le parti socialiste, et  revenons au partage du travail qui n’a pourtant jamais
donné plus de travail aux chômeurs, qui comme nous le savons, a pesé  sur la compétitivité de notre
pays.
L’augmentation de l’âge de départ à la retraite ?
Supprimons là, nous dit le parti socialiste, pour revenir au symbole des 60 ans.
C’est  à  court  terme  30  milliards  de  dépense,  c’est  immédiatement  la  perte  du  triple  A,  c’est
immédiatement la ruine.
C’est absurde, c’est un mensonge, mais qu’importe, mieux vaut une absurdité trompeuse qu’une voix
en moins !
La baisse du nombre de fonctionnaires, engagée dans tous les pays d’Europe, dirigés par la droite et la
gauche ?
Arrêtons-là, nous dit l’opposition, et revenons aux bonnes habitudes d’autrefois, qui, pourtant, n’ont en
rien amélioré l’efficacité de l’Etat et qui ont pesé sur l’endettement.
La réforme de la taxe professionnelle qui a accéléré l’investissement en France ?
Abrogeons-là,  nous  dit  l’opposition,  et  revenons  à  la  fiscalité  locale  d’antan,  c’était  tellement  mieux
avant.  Et  au  surplus,  abrogeons,  dans  la  foulée,  la  réforme  des  collectivités  territoriales  car  il  serait
tellement plus confortable de revenir au millefeuilles d’autrefois.
C’est vrai qu’il est cohérent de dire qu’il y a une crise rurale à cause de la monidalisation et de proposer
de s’appuyer sur un système ancien.

A écouter le parti socialiste, on arrête tout, on revient sur tout. Comment voulez-vous que notre pays
avance avec les rois du rétropédalage ?

J’en conviens, dans leur programme il y a deux de nos réformes sont épargnées, et je voudrais m’arrêter
un instant sur ce point, qui en dit long sur le sérieux des arguments qui nous furent opposés lorsque
nous les avons fait voter : ni l’autonomie des universités, ni le service minimum ne sont remis en cause.
Et  pourtant,  hier,  l’opposition  s’insurgeait  contre  la  prétendue  «privatisation»  de  notre  enseignement
supérieur et le supposé «musellement du droit de grève» : aujourd’hui, n’en disant mot, elle y consent.
Et  bien  cela  est  à  l’image  de  cinq  années  d’opposition,  où  tout  et  n’importe  quoi  nous  fut  reproché,
alors même que nous servions l’intérêt général.
C’est vrai, on juge un gouvernement sur son bilan. C’est vrai. Mais est-il déraisonnable de juger une
opposition sur le sien ?

La gauche s’interroge encore sur ce que sera ce nouveau siècle.    8
Ce nouveau siècle il est là, et le premier constat que l’on peut faire, c’est qu’il ne prend plus ses conseils
comme ses prédécesseurs au bord de la Tamise, du Tibre, ou de la Seine.
Le  monde  n’est  pas  en  train  de  changer,  mes  chers  amis,  le  monde  a  changé !  Et  le  temps  de  la
nostalgie, des regrets, le temps des hésitations, il est derrière nous.
Le  grand  mérite,  si  je  puis  dire,  de  la  crise  actuelle,  est  de  nous  dessiller  les  yeux,  elle  nous  aide  à
comprendre, au travers l’éternelle dialectique du progrès et de la décadence des peuples, quel chemin
notre pays doit emprunter.

Dans  ce  climat  mouvant,  tantôt  étouffant,  tantôt  explosif,  où  le  doute  et  la  méfiance  dominent,  la
qualité des relations entre gouvernants et gouvernés doit être une préoccupation de chaque instant.
Parce que la crise n’a aucun égard pour les citoyens. Elle installe les injustices, nourrit les prédateurs,
invite à sa table les extrémistes et les faux prophètes.
Dans  plusieurs  capitales  européennes,  comme  aux  Etats-Unis,  pourquoi  des  milliers  de  personnes
campent sur les places publiques ?
Parce qu’ils ont perdu confiance.
La crise est financière, économique, mais elle peut aussi devenir une crise des démocraties.

Dans ce paysage entre chien et loup ce que demandent nos concitoyens c’est d’abord de la solidité, c’est
de suivre un cap crédible qui guérit des peurs.

La fin du quinquennat et la campagne électorale de 2012 qui va s’ouvrir, correspondent a un moment
crucial du monde démocratique.
Regardons les choses en face, et ne tremblons pas.
Notre génération a le difficile destin de vivre au croisement de deux époques. Dans les combats entre
les anciens et les modernes ce sont toujours les modernes qui ont gagné. Or, c’est nous les acteurs de la
rupture ; c’est nous les acteurs de l’innovation !
Le dur combat contre les vieilles lunes, les académismes, les facilités, n’est pas fini.
Si l’on vous demande notre programme, n’hésitez pas à le dire : notre programme c’est de prendre les
clefs du XXIème siècle !

Mon dernier fils a 10 ans. Il aura 50 ans en 2050.
Quel jugement portera-t-il sur moi, sur nous tous, si nous n’étions pas à la hauteur de notre devoir ?
Je veux qu’il soit fier de ceux qui auront agi en 2011, en 2012 et après.

A  quelques  mois  des  élections,  j’imagine  d’avance  le  florilège  de  promesses.  Je  pressens  déjà  la
tentation rassurante d’une médecine douce, qui ménage l’immédiat et rassure chacun.
Mais  il  y  a  beaucoup  de  Français  lucides  qui  savent  que  l’action  et  le  courage  sont  plus  que  jamais
nécessaires.
Alors notre devoir est de combattre ensemble, de choisir en 2012 la bonne stratégie, d’en convaincre
les  Français,  de  leur  montrer  que  le  combat  est  juste,  c’est  surtout  de  leur  montrer  que  nous  ne  le
menons pas pour nous mêmes mais pour eux, pour la France, pour sa prospérité.

Cela ne sera pas sans sacrifices, sans décisions difficiles.
On l’a dit avant moi, beaucoup a été fait. Mais il est nécessaire d’avancer encore, et nous réussirons
ensemble.
Alors on pourra dire en 2050 que du début du XXIème siècle, date un tournant qui a remis la France sur
les rails.
Notre projet se résume facilement.
Une dette réduite en quelques années par un effort justement partagé ; un système éducatif personnalisé
soutenant les plus faibles mais stimulant aussi les plus forts ; un modèle social rénové, plus simple et
plus  responsable ;  la  liberté  d’entreprendre  confortée  par  un  authentique  dialogue  social  dans
l’entreprise ;  l’essor  de  la  recherche  publique  et  privée  au  soutien  de  l’emploi ;  et  enfin  une  Europe
puissante et libre.
Mes Amis,
Nous n’avons pas le droit de sombrer dans les marécages de la petite politique, nourrie par ces bruits de
couloirs et ces tractations supposées.
Face  aux  vents  contraires,  nous  devons  tenir  dignement  notre  cap,  et  nous  n’avons  pas  le  droit  de
baisser les bras.
Je n’ai jamais pensé qu’un travail comme le nôtre coulerait de source. A aucun moment nous n’avons
été des démagogues ou  à aucun moment nous  avons eu des tentations populistes, au contraire.  Avec
Nicolas SARKOZY, nous avons choisi de traiter l’urgent, l’indispensable, ce qui fâche souvent et pas ce
qui flatte.
Je ne considère pas que le temps des réformes s’achève, et j’estime que notre horizon politique reste
ouvert.
Devant nous, avec Nicolas SARKOZY il y a un nouveau quinquennat possible et surtout, mais aussi
devant nous un XXIème siècle qui s’impatiente.
Non,  mes  chers  amis,  rien  n’est  fini,  rien  n’est  joué,  tout  commence,  tout  recommence,  et  tout  nous
invite à aller de l’avant.

François FILLON, 1er Ministre

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